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Université : les islamistes font la loi

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Les étudiants de la Faculté des sciences de Ben M’Sick (université Hassan II) ont boycotté les examens, prévus hier 2 janvier 2006, du premier semestre de la présente année universitaire. Ceux de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales Agdal (Université Mohammed V à Rabat) s’apprêtent à en faire autant ce mardi alors que les étudiants de la faculté de droit de Mohammédia sont parvenus à arracher un « acquis » en obtenant le report des mêmes examens au 17 janvier 2006. A Marrakech, les étudiants de la Faculté des sciences (Université Cadi Ayyad) n’en finissent pas de boycotter les cours pour la même revendication : le report des examens. A la Faculté de droit de Sala Al Jadida (Université Mohammed V ), les étudiants ont obtenu un report de quelques jours, soit au 4 janvier au lieu du 28 décembre. A l’Université Mohammed 1er d’Oujda, le « calme » règne actuellement, mais les choses peuvent dégénérer avec la période des examens programmés pour la deuxième moitié de janvier. Pour une grande majorité des Universités marocaines, l’actuelle année universitaire a commencé sous le signe des boycotts et des protestations.
Pour Mohamed Benmassoud, secrétaire général de l’UNEM, ces mouvements de protestation attestent du « cuisant échec » de la réforme pédagogique. Pour le cas précis qui concerne la Faculté des sciences de Ben M’Sick, il affirme que les étudiants se trouvent dépassés par la décision des responsables d’organiser les examens du premier semestre en ce début du mois de janvier. Et pour plusieurs raisons. Il affirme ainsi que tous les modules programmés n’ont pas été épuisés et que, de ce fait, il est impensable que les étudiants soient soumis à l’épreuve des examens. Le problème serait aussi lié au manque de professeurs avec les départs volontaires enregistrés récemment. A la faculté des sciences de Ben M’Sick, par exemple, l’on recense un enseignant pour plus de 140 étudiants au lieu d’un pour quarante auparavant.  Pour résumer, ce responsable estudiantin évoque aussi l’obligation pour plusieurs étudiants de se soumettre à des examens de session, mais aussi de devoir, le même jour, passer des sessions de rattrapage pour des modules («reliquat») remontant à la deuxième, voire à la première année universitaire.
2006, année d’Al Adl Wal Ihsane ? Du côté estudiantin au moins, tout pousse à le croire. Le mouvement de Abdessalam Yassine a fait main basse sur tous les campus universitaires du pays. A Fès, comme à Oujda, «forteresses » historiques de l’extrême gauche, ce sont les islamistes qui mènent le jeu du militantisme estudiantin et à leur manière. C’est cette mouvance estudiantine qui, après s’être emparée de l’UNEM (Union nationale des étudiants du Maroc), a fait du dossier des 12 étudiants adlistes emprisonnés une véritable "cause".
Il y a quelques semaines, ils ont été derrière les affrontements avec les forces de l’ordre à Fès lors des protestations contre la hausse des tickets de bus. Plus d’une dizaine ont été condamnés pour actes de sabotage et violence à l’encontre des forces de l’ordre. En octobre 2005, c’est le décanat de la Faculté des sciences de Aïn Chock qui a décidé la suspension de neuf étudiants adlistes pour des périodes allant de un à quatre ans. D’autres étudiants adlistes ont été condamnés à la prison par le tribunal de première instance de Mohammédia suite à des affrontements avec les forces de l’ordre.
Les étudiants d’Al Adl Wal Ihsane, profitant du vide qu’ils ont instauré d’ailleurs, ont mis en place de nouveaux codes de militantisme syndical inédits jusque-là dans les milieux estudiantins. La "semaine de l’étudiant", tradition universitaire pour accueillir les nouveaux venus, se transforme en véritable période d’endoctrinement. Le militantisme estudiantin des adlistes a surtout horreur du débat. Ses meneurs détestent par-dessus tout le fait d’être contredits.
Avant le boycott des examens de la Faculté des sciences de Ben M’sick, les responsables d’Al Adl ont veillé à entrer en possession de toutes les cartes d’étudiants. Pour Mohamed Benmassoud, il s’agit de réunir toutes les conditions de réussite pour le boycott des épreuves de la présente session. Et s’entourer de toutes les garanties visant à "rassurer tout le monde".
La grogne estudiantine, en général, est une aubaine pour Al Adl Wal Ihsane. Les lacunes de la réforme sont des cadeaux inespérés. L’université et les étudiants trinquent.

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