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Urbanisme : Du laboratoire au dortoir

Casablanca est une métropole. Tout le monde s’accorde là-dessus. Casablanca devrait constituer un témoin exceptionnel de l’histoire de nos villes et de l’urbanisme moderne tout au long du XXe siècle.
Cette ville a été un laboratoire pour nombre d’architectes français. « Casablanca » le livre de Jean-Louis Cohen et Monique Elleb (édité chez Hazan) montre que plusieurs bâtiments art-déco des années vingt-trente ont été d’abord conçus à Casablanca avant d’être réalisés à Paris. Pendant les années trente, c’est à Casablanca que sont concentrées les recherches théoriques et doctrinales devant inspirer la politique urbaine en France. Cette recherche a favorisé les audaces les plus innovatrices en matière d’architecture. Un autre livre, « Casablanca portrait d’une ville » par Jean-Michel Zurfluh (édité par Eddif) retrace l’histoire des écoles d’architecture qui se sont confrontées à Casablanca. Cela a donné des bâtiments de référence tels que le siège de la Société générale transatlantique, dessiné par Edmond Gourdin en 1929 et l’immeuble Moret construit par De Laporte et qui possède l’une des plus belles coupoles de la ville. Il ne sert à rien de rappeler ce passé prestigieux de la ville, quoique nombre de ces bâtiments s’effritent doucement et que nulle politique de restauration ne semble vouloir les sauver.
Au reste, ce qui fait que Casablanca est considérée aujourd’hui comme une métropole, c’est sa forte densité démographique. Car, il faut bien le dire, cette ville ne possède pas les équipements qui sont l’apanage de toute métropole digne de ce nom. L’urbanisme d’hier n’a pas échoué, il s’est figé. De telle sorte que la ville ne possède pas de transports en commun modernes, de voiries sûres. De plus, les planificateurs n’ont pas prévu le début des migrations des populations rurales vers la ville, et par conséquent ils n’ont pas réfléchi à de nouveaux concepts d’aménagement du territoire. C’est cette approche théorique qui a fait défaut. L’architecte et directeur de la revue « Architecture du Maroc », Selma Zerhouni, impute cela au défaut de visionnaires. Depuis les plans dessinés par Prost en 1915, Casablanca a été livrée à elle-même. « Elle a poussé en champignon » ajoute-t-elle. Pourtant dans cette ville sont concentrés les meilleurs architectes du Maroc et les plus grandes institutions d’architecture. C’est au sein de Casablanca que devrait se dessiner le futur de l’urbanisme au Maroc. La ville d’aujourd’hui ne peut ressembler à celle d’hier. L’habitat, le logement, les transports, l’environnement, les infrastructures, les techniques de conception des plans et la programmation des équipements gagneraient à être réfléchis avec une politique nouvelle. Les mutations de la vie urbaine n’ont pas été préparées dans de bonnes conditions.
Sur le plan de l’urbanisme, Casablanca ne présente pas de cohérence. Trop éclatée, trop éclectique pour avoir une âme, lui reprochent certains. Les plus pessimistes disent qu’elle s’achemine de plus en plus vers un gigantesque dortoir.

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