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Vol au-dessus d’un sacré gâteau

© D.R

Les quotas du Haj 2006 ont été attribués en toute transparence. C’est en substance, ce que soutient la commission ayant procédé à la sélection des heureux bénéficiaires. Sur un total de 272 demandes enregistrées, 184 ont été admises à partager 10 400 quotas.  Le reste, soit environ 20 000, revenant de droit au ministère des Habous. «La sélection a été faite sur la base d’un rigoureux système de notation.
Cinq critères avaient été retenus», avait déclaré à ALM, Mohamed Mergaoui,  représentant du ministère du Tourisme au sein de ce collège composé en outre, des cadres du ministère des Habous et de deux représentants de la profession.
 Beaucoup de candidats non retenus ont péché sur les critères financiers. La solvabilité étant une mesure sine qua non, toutes les agences en cessation de paiement ont été écartées d’office. Des explications rassurantes.  «Pour être retenue, l’agence doit justifier d’une situation nette du capital supérieur au moins au  quart du capital social», poursuit M. Mergaoui.
En un mot, pour la commission, tout le monde a été noté de la même manière.  Le  quota aurait été réparti de manière régionale, pour servir tout le Royaume. N’empêche, comme l’a reconnu un autre membre de l’instance , 40% des quotas ont étés distribués à Casablanca. «La répartition est régionale, mais se fait aussi selon la demande», rétorque cet éminent membre qui met en avant la probité du système de répartition. En tout cas, «cette répartition régionale suivant la demande» ne profite pas aux provinces du Sud. Seule une seule agence originaire de cette région est arrivée au bout de la course, décrochant le plus petit des quotas : 50 places. La région de Settat, elle, n’a rien obtenu.
A Marrakech, en raison du développement du tourisme et du réceptif, seules 10 agences ont postulé pour les quotas. Pour ce qui est de Casablanca, ville tournée vers la billetterie, le Haj et la Omra, la mobilisation était à la mesure des enjeux. Au final, l’exacerbation était aussi à son comble. En témoignent les critiques acerbes adressées à la tutelle. Le ministère du Tourisme vient d’ailleurs de mettre en demeure une agence locale, « sanctionnée pour avoir enfreint la réglementation du secteur», selon la thèse officielle. D’autres y voient de la pression.
Dans ce climat de suspicion, des listes d’agences ne devant pas bénéficier du quota circulent en catimini. L’on s’étonne entre autres, qu’une société qui a pignon sur rue à Casablanca ait bénéficié  de nouveau du quota alors que son propriétaire aurait séjourné en prison. Qu’une agence de voyages, Mansouri Voyages pour ne pas la nommer, ait bénéficié d’un bon quota après cinq ans de suspension pour grabuges envers les pèlerins. «Il  a purgé sa peine, donc il a droit à la réhabilitation», répond–on doctement au sein de la commission.  Et que dire de Daulphi Voyages ?
Interrogé sur la situation de cette succursale, l’un des éminents membres de la commission, se lance dans une longue explication: «Daulphi Voyages, soutient-il, a été vendue à un monsieur qui au départ était un fqih qui, dans les années 90, arrivait à amener entre 500 et 1000 pélerins à la Mecque. Après avoir acheté l’agence, ce monsieur a pu obtenir du propriétaire une attestation stipulant qu’il a été directeur technique de l’agence pendant six ans. En tout cas, s’il y a un problème, ce n’est pas nous !»
Bref, pour la commission, la répartition a été basée  sur la transparence en somme.
Dernière en date, Holidays Services, agence employant des centaines de personnes à travers le Maroc,  vient de restituer au ministère du Tourisme, les 50 places qu’elle avait héritées.  Raisons de ce geste, l’agence se dit non structurée pour une opération concernant 50 pélerins. Manière diplomatique de récuser ce partage ministériel ? En tout cas, à part Holidays Services, aucun autre cas de restitution n’est signalé. Ajoutée à ce cas traité en interne, l’ingérence du PJD constitue l’une des nombreuses suites à cette répartition. Le ministre du Tourisme qui rentre de vacances, risque de trouver une patate chaude sur son bureau.
Pour couper court aux polémiques, la commission entend dès l’année prochaine, s’attacher les services d’un cabinet d’audit pour l’évaluation des agences. Mieux vaut tard que jamais.

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