Les Etats-Unis ont décidé de s’attaquer aux milieux qui tirent les ficelles dans l’affaire du Sahara et qui en profitent financièrement, en l’occurrence l’Algérie et le Polisario.
Il ne fait aujourd’hui aucun doute que Washington veut en finir, une fois pour toute, avec ce dossier. Et elle a l’art et la manière pour atteindre cet objectif. En un mot, elle fait preuve de fermeté et d’intransigeance.
En quelques jours, pour ne pas dire en quelques heures, la machine diplomatique américaine a fonctionné dans la région maghrébine. Indépendamment de leur discours édulcoré, l’Algérie et le Polisario sont les premières victimes de ce Tsunami américain. Et pour cause, ils ont accepté de libérer les prisonniers marocains, du moins ceux recensés par le CICR, sans piper mot. Après des années de refus et d’arrogance, l’Algésario (comme l’appellent les anciens détenus marocains de Tindouf) n’a qu’un seul choix : obéir au doigt et à l’œil aux instructions venues de Washington.
Le sénateur américain Richard Lugar, qui a supervisé la libération des prisonniers marocains, a ainsi espéré, lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de l’audience que SM Mohammed VI lui a accordée vendredi dernier, que cette libération "ouvrira la porte à des négociations entre les deux pays, le Maroc et l’Algérie, dans le cadre de l’ONU". Le polisario n’a pas eu droit de cité. Cela en dit long sur la vision américaine d’une solution au conflit au Sahara.
Il ne faut pas s’étonner, si une rencontre au sommet réuni SM Mohammed VI et le président Abdelaziz Bouteflika, aux Etats-Unis, à l’occasion de la commémoration du quatrième anniversaire des attentats du 11 septembre.
La libération des prisonniers marocains n’est pas une fin en soi. Reste, maintenant, le sort des détenus non identifiés par le CICR, des disparus et surtout des séquestrés Sahraouis dans les camps de Tindouf et Lahmada. Le Maroc, à travers le porte-parole de son gouvernement, Nabil Benabdellah, a réitéré une exigence importante : Le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) doit être autorisé à pénétrer dans les camps afin de procéder à un recensement des populations qui s’y trouvent. Grâce à ce travail, la communauté internationale pourra savoir si ces Sahraouis sont des "réfugiés" comme le prétendent l’Algérie et le Polisario ou bien des "séquestrés" comme le soutient le gouvernement marocain. Le forcing américain ne sera efficace que si le HCR passe à l’action.
Ceci-dit, les négociations entre le Maroc et l’Algérie ne porteront pas uniquement sur la question du Sahara. Les pommes de discordes ne manquent pas entre les deux pays. Le sénateur américain, président de la commission des affaires étrangères du Sénat, a ainsi espéré que le Maroc et l’Algérie entreprennent des initiatives pour la réouverture de la frontière terrestre algéro-marocaine, fermée depuis 1994.
A maintes reprises, les responsables algériens ont estimé que cette réouverture ne bénéficierait qu’à l’économie marocaine qui, à en croire cette hypothèse, pourra récolter pas moins de 1,5 milliard de dollars annuellement. En somme, tous les dossiers que le Maroc souhaitait ouvrir avec l’Algérie qui opposait un niet catégorique, sont actuellement tombés dans le champ des intérêts américains. Il va sans dire que l’intervention américaine dans la région du Maghreb aura encore d’autres conséquences et peut éventuellement être liée aux derniers développements en Mauritanie. D’un point de vue plus global, la réussite de ce "coup" pour Washington reflète l’échec de la diplomatie française et de son influence ancestrale, incapable d’imposer une paix durable dans la région.
La réaction marocaine de soulagement ne fait aucun doute et ne mérite même pas d’être démontrée. Mais rappelons quand même que 404 citoyens marocains et des militaires tombés entre les mains de l’ennemi sont retournés au pays. Les efforts de la diplomatie marocaine, de la société civile ont donné leurs fruits. Les Etats-Unis ont fini par adopter la vision marocaine des choses, à savoir que la question du Sahara est avant tout une affaire entre le Maroc et l’Algérie.
Aujourd’hui, la balle est dans le camp de cette dernière. Première réaction de sa part : le message adressé par le président Abdelaziz Bouteflika au Souverain à l’occasion du 52ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. Dans cette missive, le président Bouteflika a indiqué que "la célébration de cette date historique qui a soulevé et soulève encore les sentiments de patriotisme et d’unité chez tous les Maghrébins a été suivie par un soulèvement, en pareil jour de l’année 1955, des Algériens contre le colonisateur en signe de fidélité et de solidarité de la part du peuple algérien et de sa révolution avec le Maroc frère, Roi, trône et patrie". Et d’ajouter : "Je saisis cette opportunité riche de sens et d’enseignements pour vous réaffirmer notre ferme volonté et notre détermination à poursuivre la coopération et à œuvrer ensemble pour le développement des relations fraternelles et privilégiées entre nos deux peuples et pays frères en vue de l’édification de notre grand Maghreb arabe". Habitués à ce genre de promesses de la part de l’Algérie et de son président, les Marocains n’ont pas réagi à ces déclarations.