La lutte contre la culture du cannabis dans les provinces du Nord du royaume est l’une des prérogatives de l’Agence pour la promotion et le développement économique et social des provinces du Nord (APDESPN). Cette agence, selon le dahir portant sa création, est chargée de diriger la politique de promotion des cultures alternatives au cannabis et d’oeuvrer pour l’intégration de toutes les régions faisant partie de son périmètre d’intervention dans la politique agricole nationale. Pour ce faire, l’Agence travaille en étroite coordination avec tous les départements ministériels concer-nés et en coopération avec des organisations internationales intéressées. « L’agence travaille actuellement en coopération avec l’Union Européenne et le Programme des Nations Unies pour la lutte contre les cultures illicites et la drogue (PNUCID) sur un vaste programme axé sur les cultures alternatives », affirme le directeur général de l’APDESPN, Driss Benhima. Cette coopération concerne spécialement les deux provinces de Chefchaouen et Al-Hoceima. « Dans ces deux provinces, une étude est actuellement menée par une équipe d’enquêteurs de l’agence qui travaillent sur le terrain et dont le travail sera bientôt terminé », déclare M. Benhima. Outre la promotion des cultures alternatives, le directeur de l’agence considère que la lutte contre la culture du cannabis passe aussi par des actions parallèles qui sont le désenclavement de la région et l’amélioration du cadre de vie de ses habitants. L’agence, qui n’est qu’à 41 % de la réalisation de ces actions dans la région, est toutefois incapable de faire face à ce phénomène. Avec le peu de moyens humains et financiers dont elle dispose, l’APDESPN ne peut faire lutter efficacement contre la culture du cannabis. Notons à ce propos que les fonds alloués au développement des cultures alternatives dans le Rif sont de l’ordre de 10 millions de DH, soit l’équivalent de 120 DH par hectare de culture de cannabis. Par ailleurs, en septembre 2001, l’ancien directeur général, Hassan Amrani, avait tiré la sonnette d’alarme, à propos de la culture du cannabis dans les provinces concernées. M. Amrani avait à l’époque manifesté une certaine angoisse quant à l’échec de la politique visant à contenir les superficies consacrées à cette culture illicite. Selon lui, celles-ci auraient augmenté entre mars et septembre 2001 de 5000 hectares pour se situer en fin 2001 à 70 000 hectares, soit une augmentation moyenne annuelle de 15 %. « Nos propres investigations sur le terrain corroborent ses déclarations puisque nous remarquons que dans les Provinces de Chefchaouen et d’Al-Hoceima, ce sont des tribus entières qui, aujourd’hui, se reconvertissent au cannabis excédés sans doute de voir les tribus voisines s’en sortir plus qu’honorablement grâce aux revenus du kif », avait-il déclaré à l’époque. Il s’avère donc nécessaire de doter l’agence de moyens adéquats pour l’accomplissement de sa mission.