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Yahya Saïdi : «Le bilan technique aux J.O a été un fiasco»

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ALM : Quel bilan faites-vous de la participation marocaine aux Jeux Olympiques de Londres ?
Yahya Saïdi : La réponse à cette question nécessite de longs chapitres pour pouvoir évaluer la participation marocaine d’une manière exhaustive. C’est un bilan qui sonne le tocsin quant aux problèmes structurels chroniques dans lesquels se morfond le sport marocain d’une manière générale. A quelque chose malheur est bon, dit-on. Cette crise a été souvent masquée par les exploits individuels de l’athlétisme. Le bilan technique aux J.O a été un fiasco : sur les 75 participants qualifiés, 95% ne sont pas parvenus à décrocher leur billet pour la finale. La médaille de bronze en athlétisme sur le 1500 m a certes inscrit le Maroc dans le tableau des pays médaillés comme jadis et plus précisément depuis 1984, mais ce résultat chétif sinon squelettique de l’athlétisme est dû à un problème de relève qui est chronique et qui a été prémonitoire depuis le début de la dernière décennie. En 2005, le Maroc était présent avec 54 athlètes aux championnats du monde des cadets de Marrakech. Hormis Halima Hachlaf, le reste a disparu deux ans plus tard. Et là, c’est une autre paire de manches. Mais qu’on le veuille ou non, l’athlétisme demeure la discipline qui sauve l’honneur du Maroc.

Doit-on attendre toujours l’athlétisme pour sauver la face ? Qu’en est-il des autres disciplines ?
C’est la grande et vraie question qu’on esquive malheureusement. Même avec une moisson importante de médailles d’or de l’athlétisme, le bilan doit faire la part des disciplines si j’ose dire : d’abord se pencher sur les disciplines olympiques qui ne sont même pas parvenues à se qualifier, ensuite celles qui ont été qualifiées et sont revenues bredouilles et enfin sur ce qui ne marche pas au niveau des disciplines, notamment l’athlétisme qui s’est contenté d’une médaille de bronze et d’un nombre très modeste de qualifiés pour les finales.

Malgré le soutien financier de SM le Roi pour que le Maroc soit dignement représenté à ces J.O, il paraît qu’il y a d’autres variables qu’on n’a pas prises en considération. Qu’en pensez-vous?
D’abord, il faut savoir que la commission nationale chargée de préparer les sportifs pour les qualifier aux J.O de Londres n’a commencé son travail que depuis deux années et demie. On l’a dotée d’une enveloppe de 330 millions de dirhams avec déjà 128 millions injectés dans la préparation. La mission de cette commission qui n’est pas régie par un texte, juridiquement parlant, est à revoir sur tous les plans. Depuis sa mise en place, sa mission a été galvaudée. Mais quoi qu’on en ergote, il y a une donne incontournable qu’on doit prendre en considération. C’est un préalable si l’on veut aspirer à une participation marocaine efficiente aux J.O. Ce préalable consiste à savoir quels sont les déterminants de la performance olympique: un entraînement à très haut niveau exige aujourd’hui le recours à des connaissances scientifiques de pointe, des installations et des équipements sportifs sophistiqués, des entraîneurs et des dirigeants hautement qualifiés, ainsi que des médecins spécialisés, ce qui se situe très au-delà des ressources humaines et en capital de beaucoup de pays en développement. Il y a également la modernisation du système sportif scolaire pour l’arrimer au niveau des grandes nations sportives. Et sans investissement dans la recherche scientifique on ne peut aspirer à réaliser des performances olympiques. C’est à l’Etat qu’incombe la responsabilité de tout ce que je viens d’énumérer pour pouvoir responsabiliser le triptyque dirigeant-entraîneur-sportif.
En bref, la préparation à des Olympiades chez les grandes nations à tradition olympique ou à culte olympique s’étale sur au moins huit ans sinon douze chez certains pays.

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