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Youssoufi, l’alternance et les autres

L’événement politique de la semaine qui s’achève aura été, sans conteste, la prestation du Premier ministre sur 2M, mercredi 29 mai. Abderrahmane Youusoufi a essayé d’arborer tout au long de cette émission spéciale un air décontracté et parfois même enjoué. Le sourire qui ensoleillait par moments son visage était expressif, tenait lieu de réponse. C’est un Youssoufi plus serein, sûr de lui qui est apparu sur le petit écran.
En montrant plusieurs fois le document où sont consignées les actions du gouvernement d’alternance, l’invité a montré tout de suite ce qu’il attendait de cette rencontre, défendre le bilan de son équipe qu’il juge positif. Ce faisant, M. Youssoufi lance un appel en fin de l’émission aux citoyens marocains en brandissant le document : “ J’appelle les Marocaines et les Marocains de voter pour ceux qui ont réalisé ce bilan et d’user de leur pouvoir pour former le Parlement de demain“.
Le message est clair. Le langage nouveau. Rien ne fera plaisir au Premier ministre que de voir les partis de la majorité gouvernementale aller ensemble aux élections, en rangs unis, pour défendre comme un seul homme ce qu’ils ont réalisé au cours de leur mandat. M. Youssoufi a formulé ce souhait, sachant qu’il risque de se briser sur les velléités très fortes de certains des alliés de ne pas assumer la totalité du bilan en exploitant le fait que l’alternance dans l’imaginaire populaire est incarnée essentiellement par l’USFP, le parti-locomotive du gouvernement.
C’est pour transcender ces petits calculs éventuels que Abderrahmane Youssoufi a invité les autres membres du gouvernement à assumer leurs responsabilités. En cela, il conçoit le bilan de l’alternance comme un tout, un package à défendre collectivement et non pas comme un magasin au détail où les actes d’achat seraient purement intéressés. En d’autres termes, Abderrahmane Youssoufi se pose en capitaine d’équipe d’un match électoral qu’il souhaite jouer avec des coéquipiers combatifs et mus par la même ambition de gagner ensemble. On ne joue pas contre son camp, on ne lui donne pas des tacles par derrière.
C’est cette vérité que le Premier secrétaire de l’USFP a martelée finement de bout en bout de l’émission. S’il ne roule pas pour lui-même dans la mesure où il a laissé entendre qu’il ne veut pas rempiler pour un deuxième mandat, il désire par contre s’assurer le retour des siens et de ses amis politiques aux affaires. Seuls les véritables hommes d’État sont capables de porter ce souci. Celui de travailler pour les autres et pour l’Histoire.
En quatre ans et demi d’exercice du pouvoir, il est très difficile de satisfaire toutes les attentes et de régler tous les problèmes, à moins de disposer d’une baguette magique “ L’héritage est assez lourd“, a expliqué M. Youssoufi qui a évoqué en même temps les poches de résistances, le poids des lobbies qui voyaient dans le changement une menace de leurs intérêts et de leurs privilèges accumulés pendant plusieurs décennies. Par contre, le chef du gouvernement s’est enorgueilli de l’accélération du processus de l’assurance maladie obligatoire (AMO) que les “gouvernements précédents n’ont pas pu faire aboutir“.
Au sujet de la moralisation de la vie publique, il a rappelé que son gouvernement n’a pas pris les commandes pour faire la chasse aux sorcières mais pour mener en douceur des actions assainissantes et rompre avec les pratiques de dilapidation des deniers publics. “ Comme l’opinion attendait avec impatience le jugement des coupables de mauvaise gestion, nous avons soumis à la justice les cas du CIH et de la CNCA“, a-t-il dit.
Concernant la réunion à Casablanca de l’Internationale Socialiste qui a soulevé une levée de boucliers, le Premier ministre a décoché des fléchettes bien senties en direction adversaires de cette initiative qu’il a qualifiée plutôt d’une forme de soutien à la cause palestinienne et dont il convenait normalement de voir une consécration pour le Maroc. “ Que ceux qui ont voulu exploiter cette affaire à des fins politiciens assument leurs responsabilités“, observe-t-il.
Abderrahmane Youssoufi, à l’aise comme un poisson dans l’eau, a remis les pendules à l’heure sur nombre de sujets y compris sur celui de la presse. S’il y a bien un secteur qui l’a traumatisé, c’est bien celui-là en raison des attaques personnelles dont il fait régulièrement l’objet de la part de certains journaux. Ce qu’il juge très positif c’est que le Maroc est devenu depuis l’avènement de l’alternance “un pays des libertés et où la presse peut non seulement critiquer mais diffamer et insulter“.
Abderrahamne Youssoufi est confiant dans le bilan de son équipe. Son mandat, il le conçoit comme une mission historique, un acte 1 d’une pièce non achevée, qui a permis d’amorcer le changement. L’acte 2 de l’alternance permettra à ses yeux de consolider les acquis et de préparer l’avenir. Aux Marocains de juger en septembre prochain si l’équipe actuelle mérite encore sa confiance.

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