ALM : Quelles critiques formulez-vous à l’endroit de l’horaire continu décidé par le gouvernement ?
Abdelkader Zaïr : Il faut d’abord rappeler que l’horaire continu est un choix adopté depuis longtemps par une grande partie des pays du monde et il figure parmi les réformes décidées, autant pour atténuer une série de problèmes socio économiques que pour améliorer le rendement de l’Administration. Au Maroc, il en était question depuis au moins une dizaine d’années, mais l’on n’est pas passé à l’acte. Maintenant que c’est fait, et c’est très important, il fallait penser à réunir plusieurs conditions pour sa réussite. Et d’abord que ce soit un maillon de la réforme globale de la fonction publique. Il n’est pas facile, en effet, de se débarrasser d’un système en vigueur depuis plus de quarante ans. Cela requiert beaucoup de pédagogie, de sensibilisation et surtout l’obligation de réunir les conditions susceptibles à la fois de sauvegarder les liens familiaux, de garantir l’efficacité et le rendement des effectifs et assurer une restauration adéquate et subventionnée pour ne pas alourdir le fardeau des familles.Cela dit, nous avons été consultés avant l’adoption de l’horaire continu et nous avons formulé les observations dont je viens de vous parler. Le Premier ministre et le ministre chargé de la Modernisation des Secteurs publics nous ont écoutés et nous nous apprêtons à tenir, ce vendredi en principe, une autre réunion avec M. Driss Jettou.
D’après vous, quels seraient les salariés du secteur public à être les plus lésés par l’adoption de l’horaire continu dans les conditions actuelles ?
Nous considérons qu’en général tous les effectifs et les secteurs seront affectés d’une manière ou d’une autre et à des degrés divers. Nous y verrons plus clair une fois que nous aurons les rapports des syndicats de tous les secteurs. C’est sur la base de ces rapports que nous élaborerons une synthèse. Et, à la lumière de cette dernière, nous dialoguerons avec le gouvernement. De toutes les manières, nous mettons ce point à l’actif du Premier ministre qui a accepté de se réunir avec les syndicats à l’occasion de la rentrée sociale et politique.
On parle déjà d’éventuelles protestations de la part de votre Centrale syndicale. Qu’en est-il au juste ?
Le passage à l’horaire continu suscitera sûrement une réaction de la sorte, mais ce sera après l’échec de toues les tentatives de dialogue et nous ne souhaitons pas en arriver à cette issue. C’est vrai qu’il y a eu des initiatives du genre notamment à Rabat pour le 7 août (ce mercredi, NDLR), mais cela a été décidé sans aucune consultation avec nous. Nous sommes intervenus et nous avons dit à nos militants qu’il fallait nous laisser davantage de temps pour avoir toutes les données et décider en conséquence. La règle pour nous n’est pas la protestation, mais de déboucher sur des solutions, de manière sereine et pacifique.
Beaucoup critiquent le fait que rien n’a été fait pour préparer enseignants et élèves de l’enseignement public à l’horaire continu. Des familles craignent de souffrir énoemément. Qu’en pensez-vous ?
C’est un grand problème et je pense que le principal obstacle à l’adoption de l’horaire continu dans l’enseignement public est l’insuffisance des classes de cours. D’un point de vue pratique, il est très difficile de surmonter ce problème et c’est d’ailleurs l’un des principaux points qui devront faire l’objet de concertations. Il faut, au moins, travailler à atténuer l’ampleur des problèmes que cela suscitera.
Globalement, avez-vous des propositions à faire au gouvernement pour éviter tout éventuel blocage dans la fonction publique ?
Nous avons remis au gouvernement un mémorandum général concernant l’emploi, l’INDH, les affaires du pays et les grands chantiers sur lesquels nous sommes en train de travailler. Pour l’horaire continu, nous attendrons également les conclusions des syndicats sectoriels, ceux sur le terrain, au sujet de tous les problèmes avec une priorité donnée au transport, à la restauration et aux heures de travail.
Existe-t-il quelque forme de coordination, à ce sujet, entre les Centrales syndicales du pays ?
Pour le moment non. La coordination est toutefois présente pour ce qui est des dossiers revendicatifs, mais, pour l’horaire continu, l’on ne saurait parler de coordination proprement dite. A la CDT, nos archives pourront en attester, notre rêve a été d’avoir un grand syndicat mobilisant tous les travailleurs et défendant les intérêts de tous .