Monde

A une semaine des élections palestiniennes

© D.R

Ainsi que l’écrivait, dans Haaretz, Danny Rubinstein, éminent spécialiste des relations israélo-palestiniennes,«de mauvaises élections sont préférables à l’annulation des élections». Il ne restait plus à Mahmoud Abbas qu’à prendre acte de cette évidence : les élections, retardées une première fois, elles devaient initialement se tenir le 17 juillet 2005- auraient bien lieu. Rien ne pourrait empêcher l’élection des 132 parlementaires palestiniens -ils n’étaient que 88 dans la précédente Assemblée- designés pour moitié au scrutin au suffrage universel de liste national, c’est-à-dire à l’échelle de la Cisjordanie et de Gaza, pour l’autre moitié par un scrutin, toujours au suffrage universel, mais d’arrondissement à un tour portant sur un découpage de Gaza et de la Cisjordanie en seize circonscriptions découpées selon l’importance de la population. Un «charcutage électoral» qui pourrait permettre à des ministres de l’Autorité palestinienne d’être élus dans des circonscriptions «sûres» alors qu’une élection à la proportionnelle intégrale aurait conduit à leur «blackboulage». Ils peuvent espérer bénéficier des solidarités claniques propres à la société palestinienne, solidarités qui constituent un élément pondérateur des tendances radicales exprimées par un électorat toujours enclin à sanctionner et à ratifier une politique. Assurés de la participation de leurs compatriotes de Jérusalem-Est, les 1, 34 million d’électeurs palestiniens appelés aux urnes ont donc suivi avec intérêt -le mouvement Hamas s’est même doté pour  l’occasion d’une chaîne de télévision appelée Al Aqsa- une campagne opposant tous les partis, à l’exception du Djihad islamique, signataires de  la trêve (Tahdiya) conclue au Caire en mars 2005. Le Fatah de Mahmoud Abbas a unifié sa liste avec celle constituée par Marwan Barghouti, toujours emprisonné en Israël, obtenant de la sorte la caution de celui que certains surnomment le «Nelson Mandela palestinien». Une caution qui ne lui était pas automatiquement assurée puisque le propre frère du prisonnier, Mohammed Barghouti, jouant de son patronyme, a mis sur pied une liste dite de la «Palestine indépendante» qui vise l’électorat ciblé également par le très laïc «Front démocratique de libération de la Palestine» dont le secrétaire général est détenu dans une prison de l’Autorité palestinienne à Jéricho. Version palestinienne de Kadima, la «Troisième voie, animée par le ministre des Finances Salem Fyad et par le journaliste Hanan Achraoui contrebalançait sur la droite la ligne radicale incarnée par le Hamas qui a choisi de faire campagne sous l’étiquette  de «Parti des réformes et du changement».La décision israélienne d’autoriser le vote des Palestiniens de Jérusalem -Est a permis à Mahmoud Abbas de sortir de sa morosité d’envisager des résultats moins catastrophiques que prévu. Les voix du Fatah pouvaient effectivement être grossies par l’électorat de Jerusalem-Est où les Chrétiens (Arabes ou Arméniens) sont nombreux et peu disposés à voter pour le Hamas.C’était un apport bienvenu au moment même où la quasi-totalité des sondages laissaient entrevoir une percée fulgurante du Hamas à Gaza et dans toute la Cisjordanie, le Fatah devançant de 5% à peine le mouvement de feu Cheikh Yassine.
L’avancée du Hamas était largement facilitée par le ton sans concession adoptée par son leader, Ismaël Hani. qui, en dépit des mises en garde des Etats-Unis et de l’Union européenne, s’obstina à prôner le refus de toute négociation avec les Israéliens  et à revendiquer la «totalité de la Palestine historique», la seule concession, présentée comme étant de taille, consistant à promettre aux Chrétiens et aux Juifs qu’ils pourraient «couler de beaux jours sous la bannière de I’islam». Une perspective que les intéressés avaient le mauvais goût de ne pas considérer comme entièrement novatrice et totalement rassurante…
Dans ces conditions, les craintes formulées par Mahmoud Abbas d’une «évolution à l’irakienne » n’eurent qu’un très faible écho. Un écho aussi minime que l’annonce, largement médiatisée, de sa décision de renoncer à briguer un second mandat à la tête de l’Autorité palestinienne en 2008. Pour avoir trop usé, dans le passé, de l’arme de la démission, Abou Mazen fit, en la matière, chou blanc, ne parvenant pas à galvaniser autour de lui, dans un réflexe unitaire, une société palestinienne plus profondèment morcelée qu’on ne le pense. C’est donc au terme d’une campagne aussi harassante que sans relief que les électeurs palestiniens voteront le 25 janvier 2006.

Articles similaires

MondeUne

L’Agence Bayt Mal Al Qods remet des équipements à l’hôpital « Le Croissant Rouge » à Al Qods

Dans le cadre de l’opération humanitaire ordonnée par Sa Majesté le Roi...

MondeUne

La France mène la course à fin septembre

La répartition des IDE par secteur laisse apparaître une prédominance des activités...

ActualitéMondeUne

M. Akhannouch participe à Bruxelles au Forum « Global Gateway »

Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, accompagné du ministre des Affaires étrangères,...

MondePolitiqueUne

Aziz Akhannouch s’entretient à Bruxelles avec la Présidente de la Commission européenne

Le Chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, s’est entretenu, mardi à Bruxelles, avec...

Lire votre journal

EDITO

Couverture

Nos supplément spéciaux

Articles les plus lus