La Suisse n’a pas l’intention de présenter des excuses à la Libye pour l’arrestation l’été dernier à Genève d’Hannibal Kadhafi. «Un pays n’a pas à s’excuser pour des lois qui ont été démocratiquement acceptées et correctement appliquées», a déclaré la ministre suisse des Affaires étrangères, Micheline Calmy-Rey, dans une interview publiée samedi. Elle rappelle que la Libye a intenté une action civile contre l’Etat de Genève pour l’arrestation prétendument musclée d’Hannibal Kadhafi. «Nous verrons bien si elle aboutit. Si tel n’est pas le cas, il n’est pas question que la Suisse s’excuse pour des actions conformes à nos lois», souligne-t-elle. Pour Mme Calmy-Rey, le problème avec la Libye vient du fait que le fils du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi a été traité comme un citoyen normal, ce qui a été perçu comme une humiliation.
La ministre ne croit en effet absolument pas, que ce dernier ait été traité plus durement qu’un Suisse par la police genevoise, comme l’affirme Charles Poncet, l’avocat de l’Etat libyen. Micheline Calmy-Rey ne perd pas espoir de trouver une solution pour résoudre cette crise diplomatique. Elle est avant tout inquiète pour les deux citoyens suisses qui ne peuvent toujours pas quitter la Libye. C’est l’une des mesures de représailles prises par Tripoli après l’arrestation le 15 juillet 2008, dans un palace genevois d’Hannibal Kadhafi et de son épouse, accusés de maltraitance par deux domestiques. Pour rappel, le 8 avril dernier les autorités libyennes ont déposé une plainte, de 63 pages, contre l’Etat de Genève, par la voie de leur avocat, l’omniprésent Maître Charles Poncet et réclamaient un dédommagement pour tort moral de 50.000 francs suisses. Hannibal Kadhafi et son épouse Aline, avaient été arrêtés en juillet dernier sur plainte déposée par deux domestiques qui avaient subi des sévices de leur part et qu’il avait fallu mettre en sécurité. Leur plainte a été retirée depuis, non pas parce qu’elle n’était pas fondée, mais parce qu’un dédommagement conséquent a été offert aux victimes. En représailles de l’arrestation des époux Kadhafi junior, deux cadres suisses avaient été arrêtés quelques jours plus tard, sous le fallacieux prétexte qu’ils auraient enfreint la législation libyenne sur l’immigration et diverses dispositions relatives à l’exercice d’activités commerciales sur le territoire libyen. En réalité parce qu’ils avaient le tort d’être détenteurs d’un passeport à croix blanche. Il leur est toujours interdit 9 mois plus tard de quitter la Libye.
Redouane Si Hamdi (avec AP)