L’annonce lundi de ce geste, le premier depuis la rupture des liens diplomatiques, survient à quelques heures d’une réunion à New York des chefs de diplomatie des six puissances majeures pour élaborer une stratégie commune visant à obliger l’Iran à suspendre son programme d’enrichissement d’uranium.
Selon le porte-parole du gouvernement Gholam Hossein, qui s’exprimait dans un point de presse à Téhéran, le président ultraconservateur iranien propose dans sa lettre "de nouveaux moyens pour sortir de la situation vulnérable existante dans le monde".
Le contenu de la missive, a-t-il ajouté, "va au delà des questions nucléaires et les questions nucléaires font partie des questions internationales".
La lettre "sera remise aujourd’hui (lundi) à l’ambassade de Suisse", a indiqué à l’AFP une source à la présidence iranienne. La Suisse représente les intérêts américains en Iran depuis 1981, après la rupture des relations irano-américaines le 7 avril 1980.
Dans son courrier, M. Ahmadinejad "analyse la situation dans le monde et examine les causes de ses problèmes", selon le porte-parole.
"Dès que le président américain aura reçu la lettre, son contenu sera rendu public", a dit le porte-parole de la diplomatie iranienne Hamid Reza Assefi, cité par l’agence Isna.
C’est la première fois depuis la rupture des relations diplomatiques qu’un dirigeant iranien établit officiellement un tel contact avec un chef d’Etat américain.
Les responsables iraniens avaient jusqu’ici exclu toute discussion directe avec les Etats-Unis, en arguant que Washington n’était pas prêt à traiter Téhéran sur un pied d’égalité.
Washington a de son côté proposé à Téhéran des entretiens directs sur la seule question de la situation en Irak voisin, mais les deux pays ont ensuite écarté un tel dialogue.
Les contacts entre les deux pays, plus ou moins confidentiels, ont été limités jusqu’ici au niveau de diplomates des ministères des Affaires étrangères, selon des sources diplomatiques occidentales à Téhéran.
A New York, les ministres des Affaires étrangères des Etats-Unis, de France, de Grande-Bretagne, de Russie, de Chine, pays membres permanents du Conseil de sécurité, et de l’Allemagne devaient tenir un soirée une réunion consacrée au dossier iranien.
Parallèlement, les 15 membres, permanents et non permanents, du Conseil devaient de nouveau discuter d’un projet de résolution, conçu par Paris et Londres avec l’appui de Washington, pour obliger l’Iran à suspendre l’enrichissement, sans toutefois le menacer encore de sanctions.
Les Occidentaux demandent à l’Iran de suspendre les activités les plus sensibles de son programme nucléaire, disant craindre qu’à terme ce pays se dote de l’arme nucléaire.
Téhéran a toujours démenti que telle soit son intention.
Dans une interview au journal dominical allemand Bild am Sonntag, M.
Bush a rappelé que même si les Etats-Unis préfèrent "une solution diplomatique" à la crise autour du dossier iranien, "toutes les options devaient être mises sur la table", y compris l’option militaire.
Mais jusqu’ici Téhéran s’est montré inflexible, disant sa détermination à continuer ses activités nucléaires sensibles. Lundi, le porte-parole du gouvernement a ainsi réitéré la menace d’un abandon par l’Iran du Traité de non-prolifération nucléaire si la pression se faisait trop forte sur Téhéran.