La flambée des cours du pétrole a rendu l’Algérie si prospère qu’elle s’apprête à suivre les pas de la Russie et obtenir à son tour un feu vert de principe de la part du Club de Paris pour le remboursement anticipé de sa dette. Le pays souhaite effacer son l’ardoise auprès du Club de Paris. Une ardoise qui s’élève à 8 milliards de dollars. L’Algérie souhaite pouvoir s’exécuter dès le mois de juin, et s’épargner ainsi les intérêts prévus à chaque échéance de remboursement.
D’après l’agence AFP, le Club de Paris, cette puissante instance informelle qui rassemble les 19 principaux pays créanciers de la planète (tous des pays développés), devrait faire aboutir cette requête lors de son "tour d’horizon" mensuel prévu à Paris mercredi et jeudi. Mais une telle mesure, même une fois paraphée, ne constitue qu’un premier pas, puisqu’il revient au final à chaque pays de décider s’il accepte ce paiement anticipé ou non, poursuit l’agence. Le gouvernement algérien a dépêché pour l’occasion à Paris une forte délégation menée par son ministre des Finances Mourad Medelci, qui sera accompagné par le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci. Mission : négocier le remboursement anticipé de la dette extérieure algérienne détenue par le Club de Paris. L’Algérie a bénéficié de recettes pétrolières inédites depuis que les cours ont triplé en moins de quatre ans et continuent à battre des records. Les réserves algériennes en devises n’ont cessé d’augmenter grâce aux rentrées du pétrole. Elles sont passées de 17 milliards de dollars en 2001 à plus de 43 milliards à fin 2004, plus de 46 milliards à fin mai 2005. Un pays qui souhaite payer sa dette par anticipation et forcement un pays riche. Un pays où l’économie est censée être en pleine croissance avec la mise en place de grands chantiers pour doper l’emploi et lutter contre la pauvreté. Paradoxalement, ce n’est pas le cas de l’Algérie qui est désormais un pays de rente. Malgré les énormes recettes que dégage la manne pétrolière, l’Algérie est toujours en panne de croissance. Le chômage ne cesse de prendre du terrain. Le malaise social a poussé les Algériens à tirer la sonnette d’alarme à maintes reprises, mais sans résultats probants. Les grèves et les émeutes se multiplient et le pouvoir ne fait rien pour alléger les souffrances des populations. Pour l’éditorialiste du "Quotidien d’Oran", «Le paiement anticipé de la dette ne suffit pas à lui seul, l’enjeu est d’avoir une vraie politique pour une vraie économie». «Une solvabilité structurelle, ajoute-t-il, on n’invente rien, vient d’une croissance soutenue et de la productivité d’une économie compétitive ». Il affirme aussi que «l’amélioration des recettes a même tendance à faire oublier l’essentiel et à créer l’illusion qu’il n’y a pas d’urgence ». « On peut payer ses dettes et baigner dans la fausse sécurité d’une rente gonflée par la conjoncture », conclut-il.
Pétrole : le modèle norvégien
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