Est-ce le retour du terrorisme urbain en Algérie ? En tout cas, les observateurs algériens semblent sceptiques après l’attentat qui a secoué mardi le centre-ville de Boumerdès. L’explosion a fait six blessés légers, dont deux policiers, rapporte le quotidien "El Watan". La déflagration a eu lieu aux environs de 8h15 heure locale, à proximité de la gare ferroviaire de cette paisible ville côtière. L’engin explosif était placé au niveau d’un carrefour très fréquenté. La bombe a été reliée à un téléphone portable. Les éclats de l’engin explosif ont fait quatre blessés parmi les passants très nombreux à cette heure de grande affluence au niveau d’un endroit fortement fréquenté, souligne le journal "Liberté".
Les éclats de la bombe ont atteint un policier au cou. Ce dernier a été immédiatement évacué vers l’unité des urgences de Boumerdès avant d’être transféré vers un l’hôpital d’Alger pour y subir des contrôles de radio. Il s’agit, selon "Liberté", d’une bombe de fabrication artisanale : une bouteille d’huile en plastique de 5 litres contenant du TNT et des débris d’acier. Elle était également reliée à un portable. Le quotidien remarque que c’est la première fois depuis 1996 qu’une bombe explose au centre-ville de Boumerdès. Le journal rappelle aussi que l’attentat le plus meurtrier commis au centre-ville de Boumerdès remonte à l’année 2003, où deux policiers ont été assassinés devant la mosquée de la cité des "1 200-Logements".
Bien que l’attentat n’a pas fait de dégâts, ni de victimes gravement touchées, il a toutefois relancé la problématique de la sécurité dans la région. Pour "Le Jeune Indépendant", « il suffit de la présence d’un seul terroriste armé pour envenimer la situation ou, tout au moins, perturber la quiétude des citoyens.»
« Retour à la case départ ?», s’interroge, pour sa part, l’éditorialiste du quotidien "El Watan". « Depuis la libération des terroristes islamistes, en application de la charte dite pour la paix et la réconciliation nationale, la mouvance intégriste a repris ses activités à une très grande échelle», affirme-t-il. Et d’ajouter que : « une reprise de la violence dans les villes ramènerait l’Algérie à la case départ avec un nouvel exode de l’élite algérienne, le départ des étrangers et l’arrêt de tout investissement et le ralentissement de l’activité économique avec toutes les conséquences que cela suppose. »Depuis l’application de la fameuse charte pour la paix et la réconciliation, les actes terroristes se sont accentués. Un regain de violence qui a semé la terreur dans un pays stigmatisé par une décennie de guerre civile.
Dix ans d’atrocités que le peuple a été forcé d’oublier. Pour les partis de l’opposition, cette charte est celle de l’amnésie et de l’impunité et non de la réconciliation. Après tout, comment peut-on parler d’une réconciliation alors que les Algériens continuent de payer par leur sang les dérapages du passé ?