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Algérie : un projet d’amnistie ambigu

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Un nouveau chapitre vient de s’ajouter à la saga du très controversé projet d’amnistie générale proposé par le président Bouteflika. Les dernières déclarations du président du mécanisme ad hoc chargé de la question des disparus, Farouk Ksentini, a ravivé le mécontentement des familles des disparus. Ce dernier a affirmé que sa mission s’est achevée avec succès et qu’à présent, la commission va geler ses activités. Me Ksentini a déclaré au quotidien algérien «Le jeune indépendant» qu’aucune autre action portant sur la prise en charge des disparus ne sera entreprise jusqu’à nouvel ordre.  «Nous avons gelé toute activité depuis le mois de mars dernier, date de la remise du rapport sur les disparus au président Bouteflika», a-t-il expliqué. Le contenu de ce rapport que la commission ad hoc avait déposé auprès du président Bouteflika demeure inconnu. Alors que les familles attendaient que le rapport soit par la suite publié, c’était le black-out complet. Plusieurs questions restaient sans réponses.
Que va-t-il se passer après ? Comment le gouvernement algérien compte procéder pour la concrétisation du projet ? Y aura-t-il ou non un système d’indemnisation ?…etc. Même Farouk Ksentini a déclaré qu’il ignore si le rapport va être publié ou pas. «Je ne sais pas si le chef d’Etat rendra public le rapport ou non. Je ne peux pas me prononcer sur ce volet. Ma mission s’est arrêtée à la remise du rapport dont j’étais chargé. L’engagement d’autres démarches, ne relève pas de mes prérogatives», a-t-il ajouté au journal Le jeune indépendant.
Les familles des disparus n’ont pas été ravies d’entendre un tel discours. Plusieurs d’entre elles ont estimé que la mission de Ksentini a été un véritable fiasco. Elles lui reprochent de ne les avoir pas impliquées davantage dans le processus d’amnistie.
Des centaines de familles estiment que la commission a refusé de les entendre ou leur donner parole. Elles se sont senties marginalisées. «Les familles n’ont pas tardé à être marginalisées par  M.Ksentini. Il refuse depuis son installation de reconnaître les associations des familles de disparus en tant qu’interlocuteurs. Au lieu de résoudre notre problème», avait déclaré au journal Mme Ighil, présidente de l’association des familles des disparus. Elle a ajouté que Ksentini passe son temps à les qualifier «d’insectes».  Leur colère s’explique aussi par le fait qu’elles n’ont pas eu accès au contenu du rapport qui demeure «un secret-défense». Ces familles exigent, selon le quotidien, de connaître le contenu détaillé du rapport. «Les familles attendent toujours les conclusions du rapport élaboré par cette institution. Depuis le mois de mars, tous les concernés demeurent sans aucune nouvelle. Même si, en 2003, l’installation de ce mécanisme avait éveillé en nous un espoir, puisque la procédure reconnaît implicitement l’existence de disparus dans notre pays, peu de temps après, tous nos espoirs sont tombés à l’eau», a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, et tout comme le mécanisme ad hoc, la Commission nationale pour l’amnistie générale (CNAG) a, elle aussi, gelé ses activités. La fermeture des locaux de la CNAG a exaspéré certains fondateurs de ladite commission. Ces derniers se sont pressés à dénoncer cette décision prise par son président, Ismaïl Abderrezak, rapporte Le jeune indépendant. Lors d’une conférence de presse, les contestataires ont en effet clairement affiché leur refus de cette initiative qu’ils qualifient d’individuelle. Pour eux, lorsque M.Abderrezak a décidé de fermer le local et de geler les activités de la commission, il n’a pas jugé utile d’informer les membres du bureau national pas plus que de les consulter.
Ces décisions de gel d’activités n’ont fait qu’augmenter l’ambiguïté qui entoure le projet d’amnistie générale. Dans ces conditions, Bouteflika arrivera-t-il au bout de son projet ? Une affaire à suive…

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