La crise politique en Allemagne s’est récemment aggravée mettant ainsi en péril les négociations sur la formation d’une «grande coalition». Le retrait mardi du dirigeant bavarois Edmund Stoiber, patron de la CSU -branche bavaroise de la CDU-, du gouvernement Merkel et la démission du président du Parti social-démocrate (SPD), Franz Müntefering, après qu’il eut été désavoué par son parti, ont fait l’effet d’un pavé dans la mare. Les ondes de chocs risquent d’entraîner un blocus de la mécanique des négociations censées sortir le pays de sa crise politique.
Pour Angela Merkel, déjà confrontée à des tensions internes au sein du Parti social-démocrate, le choc est réel. La présidente de l’Union chrétienne-démocrate (CDU) n’est pas encore officiellement chancelière et elle a déjà perdu son ministre de l’Economie. Le président de l’Union chrétienne-sociale (CSU), Edmund Stoiber, s’est retiré du futur gouvernement de grande coalition qu’elle doit former avec le Parti social-démocrate (SPD).
Même son gouvernement paraît en péril surtout qu’un autre baron politique, Franz Müntefering, n’ait pas exclu de faire défection. Après un désaveu subi en interne, le dirigeant social-démocrate, appelé à être vice-chancelier et ministre du Travail, a laissé ouverte la question de sa participation au futur gouvernement. Edmund Stoiber, déjà considéré comme le "trublion" du gouvernement Merkel, a estimé que le retrait de Franz Müntefering de la tête du SPD créait "une situation qui a changé", qualifiant le dirigeant social-démocrate de "pilier d’une grande coalition" entre conservateurs et sociaux-démocrates. Des querelles entre Edmund Stoiber et Angela Merkel pourraient également expliquer sa décision de rester à la tête de sa Bavière natale. D’après la presse, Stoiber estime avoir été "maltraité" par la future chancelière, notamment dans la répartition des compétences entre son ministère et celui de l’Education appelé à être dirigé par une proche de Mme Merkel, Annette Schavan. Sans jamais la nommer, Edmund Stoiber avait également critiqué la campagne électorale menée par la dirigeante conservatrice, lors d’un congrès des jeunes de la CDU le 23 octobre. Du coup, c’est Michael Glos, numéro deux du groupe parlementaire CDU-CSU, qui récupère le portefeuille de l’Economie et des Nouvelles technologies.
La presse allemande n’a pas caché mercredi son inquiétude des dissensions qui menacent la «grande coalition». «La grande coalition chancèle» a titré le «Sueddeutsche Zeitung». Le journal estime que les négociations de coalition sont très affectées par les querelles de personnes. Le «Berliner Zeitung» s’est montré plus sévère en dénonçant le «Jardin d’enfants Allemagne». «Berliner Zeitung» a décrit le Reichstag comme un grand théâtre politique.
«Il doit y avoir des moments où Angela Merkel doit perdre patience. Il doit y avoir de tels moments, surtout maintenant où le chaos menace de saisir la grande coalition,» écrit le journal berlinois. «Sommes-nous dans une maison de fous ?», s’est interrogé, pour sa part, le quotidien «Der Tagesspiegel». Selon lui, les responsables politiques continuent de bricoler à grand peine une coalition toujours au bord de l’échec.
Pour le «Frankfurter Rundschau», tout ne semble pas particulièrement ordonné sur la table du gouvernement toujours virtuel de la grande coalition. Les "allées et venues (actuellement plutôt des départs) doivent faire raisonner la tête de la future chancelière", estime-t-il.
Le quotidien affirme que même si la grande coalition existera, les causes de cette pagaille actuelle seront loin d’être écartées. Il a, toutefois, expliqué qu’il sera très difficile de maîtriser les forces qui ont déclenché les vives turbulences de ces derniers jours.
Face à la "crise à Berlin", le journal populaire «Bild» se demande ce qu’il va advenir d’Angela Merkel. Une question pertinente. Son mandat va-t-il s’achever avant même d’avoir commencer ?…