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Arabie Saoudite : Nayef Ben Abdelaziz, chantre de la police religieuse

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Alors que le Royaume d’Arabie Saoudite se démène sur tous les fronts, à coup de gros moyens budgétaires et de courageuses initiatives politiques, pour faire oublier la suspicion internationale d’avoir été le parrain idéologique et financier du terrorisme islamique mondial, le ministre de l’Intérieur saoudien Nayef Ben Abdelaziz prit le contre-pied de cette vague en manifestant bruyamment son soutien à ce qui apparaît comme une illustration parfaite de l’intolérance : La police religieuse. Les mots utilisés par le responsable saoudien ne laissent aucun doute sur la détermination de l’appareil politique saoudien à préserver ce qu’il considère comme un acquis majeur pour son équilibre et sa stabilité internes : «Savez-vous que la promotion de la vertu et la prévention du vice sont des recommandations de l’Islam. Si nous sommes musulmans, nous devons l’admettre. Si nous ne sommes pas musulmans, c’est différent». Le prince Nayef Ben Abdelaziz, ministre de l’Intérieur du Royaume depuis 1975, né à Taif en 1934, que ses biographes décrivent comme le fidèle gardien du temple, s’est longtemps distingué au sein de la nomenklatura saoudienne comme un fervent opposant des reformes politiques. On lui attribue la décision stratégique d’avoir tué dans l’œuf la petite brise d’ouverture qui, les pressions internationales aidant, avait soufflé sur l’Arabie en 2004, lorsqu’il prit la décision d’exclure les femmes des premières élections municipales partielles du pays et mettre fin à leur campagne électorale.
L’homme pour qui toute réforme politique menace d’éclater la famille royale, vient de sévir encore en refusant ce que de nombreuses chancelleries considéraient comme un signal localement fort d’ouverture politique: l’élection du Conseil consultatif (Majliss al-Choura). Avec un argument qui fera sourire d’impuissance les chantres de la volonté populaire : «Le plus important, c’est la qualité. Les membres du Majliss al-Choura représentent les meilleurs compétences dans le Royaume (…). Le plus important, c’est comment ils sont et non pas comment ils arrivent».
Le prince Nayef Ben Abdelaziz pourra toujours faire valoir que la lourde menace terroriste qui pèse sur son pays l’empêche de desserrer les boulons et d’ouvrir le jeu politique. Il a surpris son monde en dévoilant que depuis 2003, ses services de sécurité ont avorté 180 opérations terroristes d’envergure, arrêtés 9000 personnes dont 3106 résident encore dans les prisons saoudiennes. Ces chiffres montrent l’ampleur de l’activité terroriste qui travaille la société saoudienne au point de menacer son secteur le plus vital : le pétrole.
D’ailleurs au moment où elles avaient avoué être prises d’assaut par cette effervescente vague d’attentats déjoués, les autorités saoudiennes ont annoncé la création d’unités spéciales chargés de protéger les installations pétrolières. Une première dans l’évolution du phénomène terroriste.
L’Arabie Saoudite est au cœur de l’actualité internationale à travers deux énormes scandales, l’un d’ordre sécuritaire, l’autre de corruption financière.
Le premier concerne «la découverte» de près de 45 jeunes Saoudiens embrigadés au sein de «Fatah al Islam» dont une vingtaine serait morte et enterrée dans une fosse commune dans le camp palestinien de Nahr Al Bared au Liban.
De nombreuse interrogations sont posées sur les conditions de recrutement et les canaux empruntés par ces jeunes saoudiens pour aller rejoindre «Fatah al Islam» et combattre l’armée libanaise.
La présence significative d’éléments saoudiens dans cette crise suscitent et confortent quelques interrogations sur l’identité des véritables inspirateurs et financiers de «Fatah al Islam», une branche armée sunnite créée pour combattre le Hezbollah libanais shiite. L’autre scandale de corruption financière implique les commissions occultes versée par le groupe de défense britannique BAE Systems à quelques dignitaires saoudiens dont le prince Bandar Ben Sultan, ancien ambassadeur à Washington et actuel conseiller à la sécurité nationale saoudienne. L’affaire plus connue sous l’appellation du «Contrat d’Al Yamama», déjà sous la pression du bureau de fraude britannique (Serious Fraud Office), a été jugée suffisamment grave pour nécessiter l’intervention de la justice américaine… pour violation de lois anticorruption.

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