La semaine dernière, la communauté internationale a découvert avec consternation que des jeunes demandeurs d’asile étaient prêts à se donner la mort si une solution n’était pas trouvée pour les sortir de l’impasse administrative et humaine que certains subissent depuis plus de deux ans. Au centre dit de «rétention» de Woomera, dans le désert de l’Etat d’Australie méridionale, 246 demandeurs d’asile -220 hommes, 21 femmes et 5 enfants- sur les 900 que compte le camp, ont entamé il y a deux semaines une grève de la faim. Une cinquantaine d’entre eux se sont même ligotées les lèvres. Samedi, quinze adolescents sont allés jusqu’à menacer de se suicider si le gouvernement ne revoyait pas leurs conditions de rétention et la lenteur des procédures d’examen de leur dossier. S’ils n’étaient «plus» que onze lundi à persévérer, donnant au gouvernement ce mardi matin comme ultimatum, certains n’ont pas hésité à ingurgiter du désinfectant ou du shampoing. Ils ne plaisantaient pas. Un des avocats du groupe de défense des demandeurs d’asile, Robert McDonald, a même rapporté que l’un des réfugiés, un Irakien âgé de 16 ans, avait tenté de mettre fin à ses jours, la veille. Il a été hospitalisé.
Mardi, face à la mobilisation de plusieurs juristes et organismes internationaux, le gouvernement fédéral australien a donc dû faire une petite concession.
Le département de l’immigration a annoncé que neuf enfants « non-accompagnés» (5 Afghans et 4 Irakiens) âgés de 16 à 17 ans, avaient été transférés de Woomera vers un département des affaires humaines, dans le même Etat. Le ministre de l’Immigration, Philip Ruddock, a par ailleurs déclaré que le gouvernement pourrait envisager un changement de fonctionnement pour Woomera, en le transformant en centre d’urgence pour les arrivées massives de réfugiés. Mais ce camp n’est loin d’être le seul à faire l’objet de critiques concernant des modes de gestion controversés.
A Curtin, dans le même Etat, trois détenus ont également entamé une grève de la faim. Tout comme à Villawood (Sydney) où quatre détenus se sont cousu les lèvres. A Melbourne, au camp Maribyrnong, 22 demandeurs d’asile refusent de s’alimenter depuis dimanche. Une commission gouvernementale, des partis politiques mineurs, comme les verts et les démocrates, ont pourtant demandé la fermeture de certains de ces centres, dont Woomera – qui peut accueillir jusqu’à 2000 demandeurs d’asile. Mais la politique d’immigration du gouvernement australien, dirigé par le conservateur John Howard, est l’une de plus strictes au monde. Au beau milieu de ce climat de tension, les autorités n’ont d’ailleurs pas hésité à annoncer ce mardi, l’expulsion de 70 réfugiés, dont certains sont soupçonnés d’être les meneurs de la grève de la faim de Woomera…