Les experts indonésiens et étrangers ont rendu publiques mercredi leurs premières conclusions sur l’attentat meurtrier de Bali. Cette attaque a été selon eux «planifiée et exécutée de manière professionnelle» afin de provoquer un véritable carnage. Ses auteurs ont utilisé une combinaison d’explosifs de type C4 – du plastic militaire aussi utilisé par Al-Qaïda lors de l’attentat contre le destroyer de l’US Navy USS Cole, le 12 octobre 2000 au Yémen – et de bombonnes de gaz.
Mélange qui avait pour but de tuer le plus de monde possible. Le responsable de la police de Bali a précisé mercredi que des traces de RDX – un composant du C4 – avaient été retrouvées dans le trou créé par l’explosion, et sur le châssis d’une voiture. Découverte qui a également permis aux enquêteurs de confirmer la thèse de la voiture piégée. En frappant ce haut lieu touristique indonésien samedi dernier, les terroristes ont, toujours selon les experts, utilisé une technique à « double détente », preuve de leur précision, de leur préparation et de leur «professionnalisme». La première explosion, survenue devant le night-club Paddys, était destinée à provoquer un début de panique et à attirer le plus de touristes possible vers la seconde bombe : la discothèque Sari. C’est là que se trouvait la voiture piégée qui a explosé quelques secondes plus tard. Le dernier bilan de cet attentat est de 183 morts et près de 200 blessés, selon des sources hospitalières. Il pourrait être beaucoup plus lourd, plusieurs personnes ayant été, semble-t-il, désintégrées par le souffle et la chaleur de l’explosion.
Ce mercredi, les experts australiens, du FBI, de Scotland Yard, des policiers d’Allemagne, de France et du Japon étaient toujours sur place pour aider les autorités indonésiennes. Une cinquantaine de personnes ont déjà été interrogées, selon le chef de la police Setiawan, qui a précisé que deux hommes étaient toujours «intensivement interrogés».
Il s’agit d’un vigile et du frère d’un homme dont la carte d’identité a été retrouvée dans les décombres. Ces deux personnes auraient aussi aperçu un homme portant un sac en plastique blanc près de l’entrée du Sari Club juste avant l’attaque. Le chef du groupe islamiste local Jamaah Islamiyah, Abou Bakar Bachir, devait pour sa part être entendu mercredi et jeudi à sa propre demande, au sujet d’une plainte qu’il a déposée contre le magazine américain Time pour l’avoir lié à des activités terroristes.
«Je n’ai pas entendu parler de mandat d’arrêt me concernant», a-t-il déclaré après que Jakarta ait refusé de l’interpeller «fautes de preuves». «C’est comme une chasse aux sorcières, ils s’en prennent aux musulmans fondamentalistes», a ajouté le chef spirituel du JI, qui a souvent déclaré admirer Oussama Ben Laden. En février dernier, les services secrets de Singapour avaient fait état d’un document de la Jamaah Islamiyah détaillant des projets d’attentats en Asie du sud-est, notamment à Kuala Lumpur et Jakarta.
Plusieurs membres du groupe, fortement soupçonné de liens avec Al-Qaïda, sont d’ailleurs détenus à Singapour. Par ailleurs, selon le Washington Post, un ancien officier de l’armée de l’air indonésienne aurait avoué avoir mis au point la bombe de l’attentat, ce qui n’a pas été confirmé par Jakarta. Une rumeur circulait aussi ce mercredi sur le rôle financier qu’aurait joué un Saoudien dans la préparation de cette attaque.