Le 1er septembre 2004, l’école de Beslan en Ossétie du Nord se préparait à accueillir ses écoliers. Les enfants sont heureux de commencer une nouvelle année scolaire.
Mais leur joie ne sera pas complète. Alors qu’ils s’apprêtaient tout juste à commencer les cours dans la bonne humeur, ils seront envahis par un groupe d’un commando tchétchène. Les assaillants, vêtus de noir et portant des masques, étaient arrivés au moment où prenait fin la cérémonie de la rentrée des classes. Un jour où les parents accompagnent généralement leurs enfants à l’école. C’est le drame. Tout le monde s’affole et les ravisseurs ont un seul but : transformer les élèves et les occupants de l’école en de véritables otages. Près de 400 personnes dont au moins deux cents enfants ont été pris comme otage dans ce bâtiment qui accueille entre 400 et 800 élèves. Les ravisseurs étaient armés de mitraillettes et d’explosifs, dans le but d’abord de faire du chantage au gouvernement russe. En effet, ces ravisseurs revendiquent la libération des combattants tchétchènes détenus par les autorités russes en Ingouchie voisine.
Ce commando n’hésitait pas une seule seconde à utiliser la violence pour arriver à ses fins. C’est effectivement ce qu’il a fait. Le ministre de l’Intérieur de l’Ossétie du nord, Kazbek Dzantiev, avait affirmé à la presse que le commando menaçait de « tuer 50 enfants pour chacun de leurs combattants tué et mettre fin à la vie de 20 autres pour chaque blessé», a rapporté l’agence Itar-Tass. Le commando a menacé de tout faire sauter si les forces de l’ordre encerclant le bâtiment avec des véhicules tentant une quelconque intervention.
Cette prise d’otages survient au lendemain de la mort de 10 personnes dans un attentat-suicide à Moscou et un peu plus d’une semaine après l’explosion de deux avions de ligne en Russie. Leur intervention a été explosive. Ils ont bombardé les lieux et ont provoqué le drame. Le massacre a duré trois jours. Trois jours d’horreur, car cette prise d’otages a fini par se transformer en un véritable massacre. 395 personnes ont trouvé la mort dans cette école dont plus de 150 sont des enfants. En voulant intervenir, les forces de Vladimir Poutine ont affronté les assaillants. Leur intervention a été explosive. Ils ont bombardé les lieux et ont provoqué le drame. Suite à ce massacre, la presse russe a été très critique sur la gestion de la crise par le pouvoir. « Personne n’a vraiment mené de négociations avec les preneurs d’otages », « leurs demandes ont été ignorées », relevait notamment le journal en ligne Gazeta.ru. En effet, les critiques fusent de tous parts. A Beslan, des habitants mettent en cause les forces de l’ordre et les accusent d’avoir provoqué le massacre. Ceci est dû à la précédente expérience amère que les Russes ont connue en octobre 2002. Une prise d’otages d’ampleur comparable s’était également achevée dans le sang à Moscou. Il s’agit de l’assaut des forces de l’ordre contre un théâtre où un commando tchétchène retenait plus de 800 personnes. Au total, 129 otages étaient morts, la grande majorité asphyxiés par les gaz utilisés pendant l’assaut.
Le peuple russe a revécu le 1er septembre un autre massacre, celui de la prise d’otages à l’école de Beslan. Une prise d’otages qui a suscite une vive réaction de la part des observateurs. En effet, tout le monde s’est posé des questions sur la politique de Vladimir Poutine et sa capacité à gérer la question des séparatistes tchétchènes. 24 heures après l’assaut final, le chef du Kremlin n’a pas mentionné la Tchétchénie dans son discours , ni laissé entrevoir un réexamen de sa politique envers cette république sécessionniste. Il a préféré utiliser les méthodes dures.
Aujourd’hui encore les gens se rappellent avec amertume cette prise d’otages qui fait partie des évènements saillants de l’année 2004. En témoigne un sondage réalisé en France le 25 décembre 2004. Invités à citer les trois événements les plus marquants de l’année, 31,7% des 987 personnes interrogées ont mentionné la prise d’otages en Russie.