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Bouteflika : le manque d’informations alimente les rumeurs (Reportage)

"Je suis venu exprès pour vérifier une information que j’ai entendu ce matin sur une radio française", lance un homme d’une cinquantaine d’années en compagnie de sa femme et de sa fille, une adolescente d’une quinzaine d’années.
D’autres personnes, venues se recueillir au cimetière, comme le veut la coutume les vendredis matin, veulent également en savoir plus sur des rumeurs faisant état de travaux en cours à El Alia, comme en vue d’y organiser des obsèques.
L’homme fait un tour près des tombes de Houari Boumediène, de l’Emir Abdelkader et des "héros" de la guerre d’indépendance comme Mourad Didouche ou Larbi Ben M’hidi, ou des personnalités comme le président Mohamed Boudiaf, assassiné en juin 1992, ou Rabah Bitat, président de l’Assemblée nationale.
"C’est mal entretenu", lance-t-il à l’adresse de sa femme et de sa fille, montrant le marbre rongé par des mousses, des herbes folles au milieu des haies de romarin ou encore des dalles disjointes entre les tombes.
"Cela fait des mois qu’on n’a pas entretenu ces tombes, il n’y a aucune trace de peinture fraîche, ou de fleurs nouvellement plantées", explique-t-il.
Avant de quitter les lieux, sa femme se dit "soulagée" de voir que "tout est normal". "Je souhaite une guérison et un retour rapides à notre président", lance-t-elle.
A la sortie des mosquées, après la Grande prière du vendredi, des fidèles affirment être exaspérés par ces rumeurs "venant de l’étranger", mais également par l’attitude des autorités algériennes qui "nourrit" ces rumeurs sur l’état de santé d’Abdelaziz Bouteflika.
"On se croirait dans un vaudeville avec des rebondissements, chaque fois que l’on croit que tout est fini", estime Seghir Boulenouar.
"Il faut montrer le président pour faire cesser tout cela. Ca a trop duré, c’est le meilleur moyen de faire taire les rumeurs", estime-t-il, se faisant l’écho des critiques de la presse algérienne, dénonçant "la loi du silence que se sont imposées" les dirigeants du pays sur la santé du chef de l’Etat.
"Les Algériens ne savent rien de son état de santé, à tel point que les gens sont obligés de se rabattre sur les rumeurs les plus folles et les plus alarmantes. Ils sont maintenant accrochés aux chaînes de télévision françaises dans l’espoir d’obtenir des informations", constatait le quotidien El Watan dans sa dernière édition.
"Je crois que le président a eu tort d’aller se faire soigner en France. Il aurait mieux fait d’aller aux Etats-Unis ou n’importe où, on n’aurait pas eu toutes ces rumeurs", affirme un autre fidèle, Hadj Ali.
"Mais je rends hommage aux autorités françaises qui ont été très correctes", ajoute-t-il.
Alors que les rumeurs les plus folles continuaient à courir, le chef du gouvernement Ahmed Ouyahia et le ministre des Affaires étrangères ont affirmé jeudi que M. Bouteflika se portait bien et allait bientôt rentrer en Algérie.
Vendredi, le chanteur de raë Cheb Mami a déclaré à l’AFP que M. Bouteflika allait "vraiment bien", expliquant qu’il l’avait rencontré jeudi après-midi au Val-de-Grâce pendant 10 minutes en tête à tête dans sa chambre.
Abdelaziz Bouteflika, 68 ans, a été hospitalisé le 26 novembre à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, où il a été opéré d’un "ulcère hémorragique au niveau de l’estomac", selon le seul communiqué médical jusqu’à présent diffusé.
Selon le professeur français Bernard Debré, qui n’a pas soigné M. Bouteflika, il est "probable" que le chef de l’Etat souffre d’un cancer de l’estomac.

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