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Brice Hortefeux, entre immigration et identité nationale

© D.R

Il n’y a pas une seule photo de campagne, un seul meeting électoral, une seule activité publique ou privée de Nicolas Sarkozy de cette dernière période sans qu’à l’arrière plan n’apparaisse la  silhouette de ce blond à la moue boudeuse et à la calvitie imposante. Brice Hortefeux est présenté par l’ensemble des mémorialistes de l’ère Sarkozy, comme son porte flingue idéologique le plus efficace, la valise mouvante de ses secrets les plus inavoués, l’inspirateur intime des grandes idées.  Il est, en tous cas, un exécuteur froid, sur commande des adversaires de son champion comme le montrent ses attaques sans concession. Il tire à boulet rouge sur Ségolène Royal qu’il qualifie «d’inquiétante» et «d’anxiogène» et sur le chiraquien Jean Louis Debré qu’il présente comme «un grognard inconditionnel» devenu «un grognon obsessionnel».
Alors qu’on l’attendait au pire dans une fonction de Sherpa privé organisant le pouvoir dans les larges couloirs du Palais de l’Elysée ou au mieux, fidèle à son parcours de haut fonctionnaire, à la tête d’un grand ministère technique organisant les grands corps de l’Etat, le voilà, contre toute attente, qui hérite du ministère le plus controversé de l’offre politique de Nicolas Sarkozy : Le ministère de l’Immigration, de l’Identité nationale et du Co-développement.
Brice Hortefeux est chargé de mettre en pratique la proposition la plus polémique du programme Sarkozy. Cette idée d’associer immigration et identité nationale fut la matrice de l’ensemble du programme du candidat Sarkozy. Elle lui  a permis d’opérer une captation sur le débat politique, d’attirer vers lui ses adversaire et de les obliger à se positionner et se dévoiler. Elle lui a servi de tapis volant pour draguer impunément dans les eaux troubles de l’extrême droite.
L’association tant controversée de l’immigration et de l’identité nationale continue de faire des remous après la nomination de Brice Hortefeux. Un des premiers scandales fut la démission collective, en signe de protestation, de huit historiens composant le comité d’histoire de la future Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI)  voulu par Jacques Chirac  dont deux grands spécialistes de la question Patrick Veil et Gérard Noiriel. Ces honorables personnalités considèrent qu’«il n’est pas dans le rôle d’un Etat démocratique de définir l’identité (…) ce rapprochement s’inscrit dans la trame d’un discours stigmatisant l’immigration». Parallèlement à la révolte des historiens , Brice Hortefeux reste sous le rouleau compresseur de nombreuses associations de lutte contre le racisme comme le Mrap qui considère que «Ce ministère représente une provocation intolérable pour la République et pour les citoyens et résidents de ce pays. Il constitue une atteinte inadmissible aux valeurs d’égalité et de fraternité». Mais Brice Hortefeux semble impassible devant ces attaques. Son ami de trente ans, Nicolas Sarkozy, a survécu aux charges les plus mortelles de la gauche qui avaient tenté, durant la campagne, de le dénuder sur le terrain de l’éthique et de la moralité.
Outre que de nombreuses interrogations demeurent sur les véritables habilitations de ce nouveau ministère qui se confondent a priori avec celles prêtées traditionnellement au ministère de l’Intérieur et aux Affaires étrangères, Brice Hortefeux n’a pas encore dévoilé sa stratégie qui consiste, selon le non dit sarkozien, à protéger l’identité nationale de l’immigration par tous les moyens, y compris le co-développement rajouté in extremis lors de la formation du gouvernent. Ses premières sorties se voulaient empreintes de pragmatisme et de réalisme économique.
S’il a exclu toute régularisation massive, il ne s’est pas empêché de faire cette réflexion confession qui risque de donner des urticaires à l’extrême droite: «On observe effectivement que dans un certain nombre de secteurs, le secteur du bâtiment, le secteur des services à la personne, les secteurs de  l’hôtellerie et de la restauration il y a des postes  qui ne sont pas pourvus».
Entre « l’immigration choisie » annoncée par Sarkozy et la protection de « l’identité nationale », Brice Hortefeux a brillé par son silence. Il n’a pas encore dévoilé l’ensemble de sa politique. Sans doute a -t-il reçu comme consigne de ne pas faire trop de vagues pour ne pas contrecarrer le raz de marée UMP qui s’apprête à s’abattre sur l’Assemblée nationale lors des prochaines législatives.
 

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