Cavaco Silva a obtenu 50,59 % des voix, selon des résultats pratiquement définitifs publiés alors qu’il ne restait à dépouiller que les votes de deux des 4.260 circonscriptions électorales. Le président élu, appuyé par le Parti social-démocrate et la droite, a affirmé qu’il "veut être et sera le président de tous les Portugais". "Je salue les Portugais, tous les Portugais, pour le sens civique qu’ils ont démontré lors de cet acte électoral", a-t-il affirmé, soulignant le "pourcentage significatif" de la participation, qui a atteint 62%, lors d’une intervention dans le centre culturel de Belem, à l’est de la capitale.
"Je connais l’importance de la stabilité. Le pays en a besoin pour aller de l’avant", a-t-il également affirmé alors que pendant la campagne ses adversaires de gauche avaient prédit une "crise institutionnelle" s’il gagnait, le soupçonnant de vouloir être "un deuxième Premier ministre" au lieu de se cantonner dans ses fonctions présidentielles. "Je vais coopérer avec le gouvernement" dans "un esprit de loyauté et d’entraide", a-t-il assuré, devant des centaines de sympathisants et alors que des milliers d’autres l’acclamaient au dehors, en agitant des drapeaux nationaux et du PSD et en scandant son nom. "Ma victoire n’est la défaite de personne", a-t-il dit, se présentant comme "un homme de dialogue et de consensus".
Austère professeur d’économie, libéral, âgé de 66 ans, Cavaco Silva devra cohabiter avec José Socrates, au pouvoir depuis mars dernier après des élections législatives qui avaient donné la majorité absolue au Parti socialiste (PS). Les Portugais ont fait confiance à Cavaco Silva qui était à la tête du gouvernement quand le pays a adhéré en 1986 à la Communauté économique européenne (aujourd’hui Union européenne) et bénéficié des fonds européens qui permirent une amélioration très sensible des conditions de vie. Selon les études d’opinion publiées avant le scrutin, les électeurs comptent sur lui pour les tirer de l’actuelle crise économique et réduire le chômage en augmentation constante à 7,7% de la population active.
Alors que le président de la République n’a que des pouvoirs exécutifs limités, Cavaco Silva avait dramatisé volontiers la situation du pays en promettant aux électeurs de "faire de leurs rêves une réalité". Socrates avait pris les devants en affirmant qu’une victoire du candidat de centre-droite ne modifierait pas sa politique économique. Le chef d’Etat, commandant suprême des forces armées, nomme le Premier ministre et peut dissoudre l’Assemblée, mais il peut surtout exercer une influence importante dans les grands débats de société.
Manuel Alegre, 69 ans, député du Parti socialiste au pouvoir et vice-président de l’Assemblée nationale, mais qui se présentait comme indépendant, a obtenu 20,72% des voix, selon les résultats officiels.
Pour son dernier combat électoral, le "vieux lion" de la démocratie portugaise, Mario Soares, 81 ans, deux fois Premier ministre et président de 1986 à 1996, officiellement appuyé par le PS, n’est arrivé qu’en troisième position avec 14,34% des suffrages. Soares a félicité son adversaire, affirmant que "les victoires et les échecs électoraux font partie de la règle du jeu démocratique" et soulignant qu’il ne renonçait pas à la lutte et qu’il resterait "au service du Portugal et des Portugais". Le PS s’est tenu relativement à l’écart de la campagne électorale, mais la deuxième place obtenue par Alegre devant le candidat qu’il appuyait officiellement, pourrait ouvrir une crise en son sein, ont estimé les observateurs. Le secrétaire général du Parti communiste, Jeronimo de Sousa, a obtenu 8,60 %, un score en hausse de deux points par rapport aux élections législatives, et le candidat du bloc de gauche, Francisco Louça, 5,31%.