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Ces candidats d’un autre genre

Les ténors de la classe politique française l’ont dit et répété : le nombre de candidats est tout simplement «délirant». Ces petits postulants dispersés dans toutes les familles politiques s’avèrent être un véritable casse-tête, au point de craindre que les fiefs des uns et des autres ne passent dans le camp adverse, faute d’entente et d’alliance entre ces «petits»… 8456 candidats se présenteront dans les 577 circonscriptions.
Parmi eux, 38,5% de femmes, des cadres locaux mais aussi beaucoup de gens dits «du peuple». Ainsi cette poissonnière de Vauvert, dans le Gard (sud-est) âgée de 55 ans et candidate sous l’étiquette FN. «C’est Jean-Marie Le Pen qui m’a choisie, car il trouve que je fais un excellent travail. Je suis une fille du peuple, pas une énarque», aime à répéter Florence Berthézène qui a axé sa campagne sur l’insécurité de sa petite Camargue, victime «des meurtres, des viols, des lynchages, des vols, des voitures brûlées».
Son principal adversaire, Jean-Marie André, candidat de la majorité présidentielle, avoue ne pas la prendre au sérieux allant jusqu’à clamer «qu’on ne va pas envoyer une femme, qui plus est une poissonnière, à l’Assemblée nationale». A côté des candidats populaires -voire populistes- on trouve cette année des confrontations surprenantes entre «robes noires». Il y a par exemple cet avocat chiraquien Francis Szpiner, sauveur du président réélu dans les «affaires». Il affronte en Bresse (Bourgogne) un autre avocat, le socialiste Arnaud Montebourg qui avait justement tenté de faire traduire le chef d’Etat en justice. «Szpiner est venu en mercenaire régler ses comptes sur le dos de la population de Bresse et du Val-de-Saône. Il sera mangé par les lions» a prédit le député sortant et favori. Son adversaire n’en est cependant pas à un défi près après avoir réussi à sauver Jacques Chirac des griffes du juge de Créteil, Eric Halphen, en avril 2001.
Cet autre visage connu de la justice française est d’ailleurs lui aussi candidat, mais dans l’Essonne, et sous les couleurs du Pôle républicain (centre-gauche) ! Il y affronte le socialiste Stéphane Pocrain, et le député sortant, le RPR Pierre Lasbordes. Après avoir, durant sept ans, défrayé la chronique avec le dossier des HLM de Paris, allant jusqu’à adresser une convocation au président Chirac, l’ex-juge explique être venu à la politique parce qu’il s’est rendu compte que dans son métier «il y avait des barrières et que ces barrières, on ne pouvait pas les abattre de l’intérieur».
A côté de ces avocats convertis, on trouve dans ce scrutin quelques candidats issus de l’immigration. Encore trop rares, ces élus potentiels réfutent catégoriquement la qualification de «beur de service» et se rejoignent pour déplorer la «frilosité» de leurs partis respectifs. Pour Karim Zeribi, candidat du Pôle républicain à Marseille, les partis n’ont pas su répondre «au formidable besoin de représentation et d’existence civique» manifesté par les jeunes issus de l’immigration. Un avis partagé par Bariza Khiari, candidate socialiste à Paris. «Au PS, il y a deux candidats d’origine maghrébine. C’est un scandale» dit-elle tout en souhaitant «un grand déballage».
L »unique candidate d’origine maghrébine de l’UMP, à Paris, Lynda Asmani, rappelle quant à elle qu’il est «vrai qu’il n’y a pas assez d’élus beurs. Mais attention, on ne va pas nommer quelqu’un uniquement parce qu’il est issu de l’immigration maghrébine». Ce «troisième tour» promet beaucoup d’animation…

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