Au total, dix personnes ont été blessées, dont plusieurs touristes et un policier espagnol au cours des cinq explosions à la bombe qui ont touché le sud et le nord de l’Espagne. Narguant Madrid, l’ETA semble ainsi prouver qu’elle n’a pas perdu sa puissance de feu malgré les dizaines d’interpellations dans ses rangs depuis quelques mois. Mieux elle a réussi à déjouer le système sécuritaire renforcé mis en place à l’occasion du Sommet européen de Séville.
Le Premier ministre espagnol José Maria Aznar, hôte des Quinze, a accusé l’ETA de chercher à créer «un climat de menaces et un paysage de destruction» lors du Conseil. Il a promis que les responsables de ces attentats seraient conduits devant la justice. Présent au sommet de Séville, le président français Jacques Chirac a condamné sans réserve samedi ces «actes à la fois meurtriers et irresponsables». Il a exprimé «la honte» que «les terroristes font peser sur l’ensemble de leur pays, de notre région, du monde et tout simplement de la nature humaine». Samedi matin, deux attentats ont été perpétrés à moins de deux heures d’intervalle, à Malaga, dans le sud puis à Santander, dans le nord.
Ces deux explosions suivaient trois autres attentats perpétrés vendredi à Fuengirola et Marbella, dans le sud du pays et à Saragosse, dans le nord, qui avaient fait neuf blessés dont deux graves. Toutes ces actions ont été revendiquées par téléphone par ETA (Euskadi Ta Askatasuna). A chaque fois, des appels, effectués une vingtaine de minutes ou une demi-heure avant les explosions, ont permis à la police de faire évacuer les zones de déflagration. La chambre basse du Parlement espagnol a récemment adopté un texte visant à interdire l’aile politique d’ETA, qui compte sept sièges à l’assemblée régionale basque. Il y a une semaine, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de Bilbao, dans le nord du pays, pour protester contre ce texte, qui devrait être approuvé la semaine prochaine à une écrasante majorité par le Sénat.