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Claude Guéant presque seul dans sa lutte contre l’immigration légale

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Lorsque Claude Guéant, ministre de l’Intérieur de Nicolas Sarkozy, avait dévoilé son intention de réduire l’immigration légale, il ne s’est pas trouvé beaucoup de monde à gauche comme à droite pour le soutenir et valider sa démarche. L’homme donnait cette vague impression de subir la spirale de sa propre enchère lancée depuis son arrivée à la place Beauvau comme l’unique stratégie pour arrêter l’hémorragie de ses troupes vers le Front National de Marine Le Pen. Il ne s’est pas trouvé non plus une foule compacte pour souligner la démagogie contre-productive d’une telle proposition car cela suppose que le grand débat va être ouvert pour souligner des réalités économiques et statistiques intangibles : l’économie française, de l’aveu des plus réticents des économistes, a besoin d’un certain flux migratoire pour maintenir sa vitalité et, ironie du sort, pour garantir sa croissance. Et Claude Guéant construit son discours et sa vision à contre-courant. Donc, tous ceux qui à droite ont tenté de faire remarquer à Claude Guéant qu’il chevauchait une mauvaise piste, l’ont fait tout en murmures et en clins d’œil. Du célèbre visiteur du soir de l’Elysée et conseiller occulte de Nicolas Sarkozy, Alain Minc, en passant par la présidente du «Medef», le patronat français, Laurent Parisot, jusqu’à Christine Lagarde, ministre de l’Economie, tous ont toussé de gêne sans que leur embarras ne se transforme en dénonciations. Le seul qui a monté quelques décibels pour exprimer son refus est l’actuel président du Conseil constitutionnel, le chiraquien Jean-Louis Debré. Après avoir précisé que l’Hexagone «a besoin d’immigration», Jean-Louis Debré place l’enjeu sur le terrain des valeurs et des vertus: «la France a toujours été une terre d’asile, d’accueil, c’est notre tradition, notre honneur. Simplement, il faut que les hommes et les femmes qui viennent sur notre territoire respectent les lois de la République».
Depuis le début de l’ère Sarkozy, Jean-Louis Debré est connu pour ne pas nourrir une sympathie excessive à l’égard du président de la République. Sans initier un front d’opposition ouvert sur le style d’un Dominique de Villepin ou de François Bayrou, Jean-Louis Debré s’est contenté de disséminer son amertume dans les dîners en ville et dans les romans politiques à clefs dont il est devenu un grand spécialiste. La lutte assumée de Claude Guéant contre l’immigration légale, malgré son incohérence, pose à droite comme à gauche, un sérieux problème d’expression. La droite ne peut critiquer ouvertement et violemment Claude Guéant sans risque de faire tomber tout l’échafaudage mis en place par Nicolas Sarkozy lui-même pour séduire les militants du Front National. Et la gauche ne peut faire campagne bruyamment contre Claude Guéant sur ce sujet particulier sans risquer de passer aux yeux de l’opinion comme «le parti des immigrés». Une accusation que la nouvelle religion de gauche tente d’éradiquer de son épiderme politique. Il reste qu’en poussant sa logique jusqu’à poursuivre de sa hargne les immigrés qui projettent de rentrer légalement en France, Claude Guéant capitonne le lit de l’extrême droite qui avait fait depuis toujours de la préférence nationale une illusion de séduction massive.

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