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Conjoncture internationale : Le Covid-19 fait chuter de près de 20% les envois de fonds des migrants

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«La Banque mondiale table sur un redressement, en 2021, des transferts d’argent, pour atteindre 470 milliards de dollars, soit une progression de 5,6 %».

Un communiqué de la Banque mondiale, en date du 22 avril dernier, signe le repli sans précédent des remises migratoires compte tenu de la crise économique engendrée par la pandémie de Covid-19. Les détails.

Selon les prévisions de l’institution de Washington, «les envois de fonds des migrants dans le monde devraient chuter d’environ 20% en 2020». Le recul devrait être particulièrement marqué en Europe et en Asie centrale (27,5%), devant l’Afrique subsaharienne (23,1%), l’Asie du Sud (22,1%), le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (19,6%), l’Amérique latine et les Caraïbes (19,3%) et l’Asie de l’Est et le Pacifique (13%).
Cette contre-performance, attendue et enregistrée à l’échelon du globe, est inhérente à la perte de salaires ou d’une partie des emplois des migrants dans le pays hôte. «Les remises migratoires vers les pays à revenu faible et intermédiaire devraient chuter de 19,7%, à 445 milliards de dollars, avec à la clé la disparition d’une planche de salut financière vitale pour de nombreux ménages vulnérables», avancent les analystes de la Banque mondiale.

David Malpass, en sa qualité de président du Groupe de la Banque mondiale, insistera sur le fait, en effet, que «les remises migratoires sont une source vitale de revenus pour les pays en développement. La récession économique causée par la pandémie de Covid-19 met sérieusement à mal la capacité des migrants à envoyer de l’argent chez eux et rend d’autant plus importante la nécessité d’accélérer la vitesse de rétablissement des économies avancées. (…)».
Face à cette situation, la Banque mondiale aidera ses États membres à suivre l’évolution des flux d’envois de fonds, des coûts et des difficultés liées au transfert d’argent et de l’impact des réglementations visant à protéger l’intégrité financière. Avec les pays du G20 et la communauté internationale, elle devrait collaborer afin de réduire les coûts des transferts et améliorer l’inclusion financière au profit des populations pauvres.

Pour rappel, cet effondrement pressenti, en 2020, survient à un moment où les transferts d’argent vers les pays à revenu faible et intermédiaire avaient atteint un niveau record de 554 milliards de dollars en 2019. Cette forme d’entrées devrait, cela dit, constituer une source encore plus importante de financement extérieur pour ces pays, face au repli plus marqué (plus de 35%) des investissements directs étrangers (IDE). «En 2019, elles ont dépassé les IDE, marquant une étape importante dans le suivi des flux de capitaux vers les pays en développement», rappellent les analystes de la Banque mondiale.
Toujours est-il que l’institution financière internationale prévoit en 2021 un redressement des transferts d’argent, pour atteindre 470 milliards de dollars, soit une progression de 5,6%.

Les analystes attirent l’attention, cependant, sur la difficulté à anticiper l’évolution des envois de fonds compte tenu des données insuffisantes pour mesurer l’impact de la pandémie de Covid-19 sur les perspectives de la croissance mondiale et les mesures prises pour enrayer la propagation du virus.
Par rapport au coût moyen du transfert à l’échelle mondiale, il demeure élevé, avec une estimation à 200 dollars (à 6,8% au premier trimestre de 2020), soit à peine moins qu’un an auparavant. L’Afrique subsaharienne représentant la région la plus chère, avec un coût moyen d’environ 9% alors que les migrants intra-régionaux constituent les deux tiers de toutes les migrations internationales en provenance de la région. «Des mesures rapides pour faciliter l’envoi et la réception de cet argent pourraient apporter une aide particulièrement bienvenue aux migrants et à leurs familles. Cela implique notamment de considérer les services de transfert comme essentiels et de les rendre plus accessibles aux migrants», rappelle, à juste titre, Dilip Ratha, auteur principal de la note et chef du programme Knomad (Global Knowledge Partnership on Migration and Development).

A travers ce document, la Banque mondiale entend donc apporter un éclairage sur les différentes tendances régionales.
Vers la région Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (MENA), les transferts d’argent devraient donc chuter de 19,6%, en 2020, pour atteindre 47 milliards de dollars, après la hausse de 2,6% enregistrée en 2019. «Ce repli anticipé est autant dû au ralentissement de l’économie mondiale qu’à l’impact de la baisse des prix du pétrole dans les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG). Les envois de fonds depuis les pays de la zone euro devraient également être pénalisés par le ralentissement préalable à la pandémie de Covid-19 et la dépréciation de leur monnaie par rapport au dollar américain», expliquent les analystes.
Selon les pronostics, les remises migratoires vers la région devraient se rétablir, en 2021, mais à un rythme plus faible, d’environ 1,6%, sous l’effet de la croissance modeste anticipée dans la zone euro et de l’affaiblissement des transferts provenant des pays du CCG.
En termes de coûts des transferts, le tarif moyen pour l’envoi de 200 dollars vers la région ressort à 7%, ce qui est pratiquement identique au taux de l’année précédente. Les estimations demeurent tributaires de données encore incertaines compte tenu de la pandémie qui n’est pas encore contenue. A suivre…

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