Le 6 décembre 2001, le ministre congolais de la Défense, Irung Awan, a annoncé que 3.000 enfants armés sur les 12.000 que compte encore le pays vont être démobilisés. Le chiffre fait frissonner d’autant plus qu’il est loin d’être exclusif à la République démocratique du Congo, ni même au continent africain. Depuis la création de la Convention internationale sur les droits de l’enfant en 1989, les conflits armés ont en effet tué plus de 2 millions de mineurs. Et en ont mutilé quelque 6 millions… Que se soit en Sierra Leone ou au Libéria ou même en Birmanie, au Sri Lanka, en Afghanistan et en Colombie, des centaines de milliers d’enfants, tous sexes confondus, sont encore enrôlés de force comme soldats, mais aussi comme esclaves sexuels ou auxiliaires militaires. Dans ces régions, il est devenu banal de voir des enfants participer directement à la guerre. Ces « petits soldats » se déplacent armés de AK-47 et de M-16, sont envoyés au front, servent de «détecteurs humains » de mines anti-personnel, ou participent aux opérations suicide, et aux actes de torture et de mutilation les plus terribles. Physiquement vulnérables et facilement influençables, ces enfants de 7 à 16 ans, représentent des combattants hors pair. Retenus par des menaces de mort, drogués ou intégrés dans les groupes rebelles pour venger le massacre de leurs proches, ils sont éloignés de toute structure familiale et sociale, leur groupe devenant pour eux le seul moyen de survivre. Selon « Human Rights Watch », qui lutte activement contre la participation des mineurs aux conflits, le cas des enfants soldats concerne plus d’une trentaine de pays. En Sierra Leone, l’organisation rapporte que des milliers de jeunes enrôlés dans les groupes rebelles ou gouvernementaux, participent à de nombreuses exactions sur la population civile, de l’amputation en passant par le viol et les incendies criminels. Victimes d’une violation pure et simple de leurs droits fondamentaux, ces enfants, qu’ils soient encore actifs ou démobilisés, souffrent inévitablement de traumatismes psychologiques et physiques énormes, provoqués par les sévices qu’ils subissent – notamment les filles victimes d’abus sexuels – ou dont ils sont témoins. Reste que pour ces guerriers sans nom, une fois sortis de l’enfer, la survie n’est pas non plus évidente. Au-delà de leurs traumatismes, ces mineurs ont en effet d’extrêmes difficultés à réintégrer le tissu social. Leur enfance passée loin des classes, dans la violence et l’inhumanité la plus totale, les entraîne souvent vers la délinquance et la criminalité. Sans compter la nécessité pour les Etats, qui ont engagé des sommes énormes dans les conflits, de dégager un budget nécessaire à leurs soins et leur réintégration. Pour l’heure, on en est encore loin. 300.000 garçons et filles âgés de moins de 18 ans (l’âge fixé par la Convention des droits de l’enfant le 25 mai 2000), sont actuellement soldats, esclaves sexuels ou domestiques dans le monde.