À trois mois des élections présidentielles, une nouvelle flambée de violences s’est déclenchée le week-end dernier à la côte d’Ivoire menaçant d’entraver le processus de paix lancé par l’ONU. Les raisons de ces nouveaux accrochages entre les rebelles et les forces gouvernementales demeurent inconnues. L’opposition et le parti au gouvernement se regrettent la responsabilité. Les troubles ont débuté samedi lorsque des hommes armés s’en sont pris à un poste de gendarmerie à Anyama, une banlieue nord d’Abidjan. Les affrontements ont fait quatre morts, selon le capitaine Bois Moreau, attaché de presse de la force de maintien de la paix de l’ONU en Côte d’Ivoire. Vingt Quatre heures après, deux postes des forces de sécurité ont été attaqués dans le secteur d’Abidjan.
Un porte-parole de l’armée ivoirienne a annoncé qu’il y avait eu une attaque similaire dans le quartier proche d’Abobo. Mais aucun détail n’a été donné. Deux habitants de ce quartier ont fait état de la poursuite de tirs sporadiques dimanche. L’armée a annoncé dans un communiqué lu à la télévision d’Etat que des combats avaient éclaté à Agboville, à 80km au nord d’Abidjan. Les assaillants seraient "lourdement armés". Les milices alliées aux forces gouvernementales ont empêché les journalistes de pénétrer dans la ville.
Selon l’armée ivoirienne, au moins 17 assaillants ont été tués dans les violences de dimanche. Une trentaine d’hommes armés ont été arrêtés des armes, des munitions et des uniformes militaires furent saisis. Sept membres des forces de sécurité ont également péri dans les attaques. Le parti au pouvoir a ouvertement accusé lundi les rebelles d’avoir lancé une série d’attaques contre les forces de sécurité, ce que démentent formellement les insurgés. «Il ne fait aucun doute que c’étaient les rebelles», a affirmé Pascal Affi N’Guessan, chef du Front patriotique ivoirien (FPI) du président Laurent Gbagbo.
«Nous pensons que leur objectif était de compromettre le processus de paix, le désarmement et les élections. Ils refusent le désarmement, c’est pourquoi ils font cela», a-t-il déclaré à l’agence Reuters. Des groupes du mouvement pro-gouvernemental Jeunes patriotes, armés de machettes et de fusils ont établi des postes de contrôle dans la ville, où quelque 2.000 détenus ont profité de l’attaque de leur prison pour s’évader. «Nous sommes venus combattre les rebelles. Assez, c’est assez», avait déclaré aux médias un jeune homme surveillant un barrage routier. La tension est restée vive également à Abidjan, où des barrages militaires ont été érigés en différents points de la ville, les véhicules étant soumis à des fouilles.
Deux équipes de l’Onu ont tenté de se rendre dans la ville, mais ils se sont heurtés à des villageois déterminés à les en empêcher.
Un groupe d’observateurs militaires de l’Onu accompagnés d’une cinquantaine de casques bleus ont été stoppés lundi sur la route d’Agboville par une barricade en feu.
«Nous avons une équipe qui est coincée à Petit Yapo, et une autre à Gomon. La population locale ne veut pas les laisser passer », a déclaré un responsable de l’ONU, faisant référence à des villages situés respectivement à une vingtaine de kilomètres et à 35 km au sud d’Agboville. La crise politique que connaît la Côte d’Ivoire a été enclenchée par un coup d’Etat qui a permis à l’opposition de prendre le contrôle du nord du pays. L’accord conclu en avril a marqué une phase délicate du processus de paix en Côte d’Ivoire. En vertu du traité les rebelles devront déposer les armes d’ici les élections. Ils doivent à cet effet se faire enregistrer à partir du 31 juillet. Depuis l’enclenchement de la crise en Côte d’Ivoire, plusieurs milliers de ressortissants ont fui le pays, dont une grande majorité sont des Marocains. Laissant derrière eux leur commerce et fortune, ces pauvres gens se sont vus obligé de rentrer au pays les mains vides.