La manifestation, dimanche à Abidjan, des jeunes de l’opposition réclamant le départ du président Laurent Gbagbo, dont le mandat arrive à expiration, n’a pas donné lieu aux dérapages redoutés, même si les forces de sécurité ont tiré en l’air lors de sa dispersion.
Dans la soirée, M.Gbagbo a souhaité que des élections aient lieu "bien avant" la fin du délai d’un an imparti par l’Onu pour les organiser et annoncé la nomination d’un nouveau Premier ministre "dans quelques jours". Il a justifié son maintien à la tête de l’Etat et attribué aux rebelles, qualifiés de "bandes armées", la responsabilité du blocage actuel. Quelques heures plus tard, la rébellion des Forces nouvelles (FN), qui contrôle le nord de la Côte d’Ivoire, a annoncé qu’elle désignait son secrétaire général Guillaume Soro comme Premier ministre du "futur gouvernement de réconciliation nationale", observant que le mandat de M.Gbagbo est "bel et bien fini" le 30 octobre.
Environ 5.000 jeunes de l’opposition, selon les estimations des journalistes sur place, s’étaient rassemblés dans la journée pour réclamer son départ, estimant qu’il était redevenu dimanche un "simple citoyen". Ce rassemblement au complexe sportif de Treichville, un quartier sud d’Abidjan, avait commencé dans une ambiance festive, qui s’est dégradée à l’annonce de l’agression par des militants favorables au président Gbagbo d’un autobus transportant des jeunes de l’opposition, faisant cinq blessés.
L’opposition récuse M.Gbagbo comme "chef d’Etat" de la transition en dépit de la décision de l’Union africaine (UA) et de l’Onu de le maintenir à son poste après le 30 octobre. Le Conseil de sécurité a adopté, le 21 octobre, la résolution 1633 maintenant M. Gbagbo à son poste "pour une durée n’excédant pas 12 mois" et lui adjoignant un Premier ministre doté de "tous les pouvoirs nécessaires" pour organiser ce scrutin, qui devait théoriquement être nommé avant lundi.