«Les familles ne peuvent plus se contenter de propos diplomatiques face au gouvernement libyen qui manifestement refuse de tenir ses engagements et cherche à gagner du temps », souligne le collectif des familles de victimes africaines de l’attentat contre le DC-10 d’UTA en 1989 dans un communiqué. « Aucune négociation n’est en cours (…) Les Libyens continuent d’afficher un mépris inacceptable pour nos victimes en faisant valoir un accord secret signé avec le gouvernement français. Une réaction ferme du gouvernement français s’impose pour clarifier définitivement cette ombre dans la négociation », poursuit le texte. Les négociations sur l’indemnisation des proches des 170 victimes de l’attentat de septembre 1989 – de 17 nationalités différentes – ont été suspendues mi-octobre. Après un mois de silence, les contacts de part et d’autre de la Méditerrannée avaient repris quelques jours plus tôt à la suite d’une mise en garde du président français à la Libye. Jacques Chirac avait prévenu Tripoli que la France tirerait « sans agressivité » mais « avec fermeté » les conséquences d’un éventuel non-respect libyen des engagements fixés par un accord de principe signé en septembre entre les familles et la fondation Kadhafi, dirigée par un des fils de Mouammar Kadhafi. A plusieurs reprises depuis, Seïf el-Islam Kadhafi a accusé Paris d’avoir renié ses engagements, évoquant un document confidentiel signé entre Tripoli et les autorités françaises, également en septembre. Selon le fils du colonel Kadhafi, les négociations d’indemnisation ne pourront pas reprendre tant que la France refusera de discuter de contreparties financières pour la mort de trois aviateurs libyens tués par l’armée française dans les années 80. Au terme d’un procès qui s’est tenu en France en 1999, certaines familles de victimes de l’attentat contre le DC-10 d’UTA ont été indemnisées, la Libye acceptant de verser au total 34 milliards de dollars. Les négociations ont été relancées au mois d’août après le versement par Tripoli de 2,7 milliards de dollars aux familles des 270 victimes de l’attentat contre un Boeing de la Panam en décembre 1988 au-dessus de Lockerbie, en Ecosse.