Un gène pourrait réduire le risque de la maladie d’Alzheimer de 30 à 50%. Cette variante qui a été découverte par des chercheurs canadiens permettrait de retarder d’au moins quatre ans le déclenchement de cette maladie dégénérative. En effet, des chercheurs canadiens ont dévoilé, en marge d’une conférence internationale de l’association Alzheimer à Copenhagen-Danemark, une variante génétique appelée «HMG CoA réductase».
Selon l’équipe de chercheurs de l'Institut universitaire en santé mentale Douglas et de l'Université McGill de Montréal, présidée par le docteur Judes Poirier, ce gène réduit considérablement les risques d’atteinte de la maladie d’Alzheimer. On le sait, dans le monde, une centaine de médicaments ont déjà été testés pour repousser, réduire et prévenir les effets de la maladie d'Alzheimer – qui touche 40 millions de personnes – mais jusqu'ici aucun ne s'est avéré efficace. "Nous faisons face à un échec collectif depuis des années, c'est la première fois qu'on est en présence d'un facteur de protection aussi prometteur", affirme Dr Poirier. Les scientifiques qui œuvrent dans le domaine cardiovasculaire connaissent déjà le «HMG CoA réductase», en raison de son rôle dans la fabrication du cholestérol.
"Nous avons découvert que des variantes génétiques spécifiques dans ce gène, qui règle normalement la production et la mobilisation du cholestérol dans le cerveau, pouvaient modifier le processus et retarder de près de quatre ans le déclenchement de la maladie d'Alzheimer", a déclaré Dr. Poirier, cité par les journaux canadiens. Pour le scientifique, «chez les sujets porteurs de cette variante génétique, nous avons constaté que les risques de développer la maladie diminuent de 50 % chez les femmes et de 30 % chez les hommes». Cela constitue donc une percée remarquable dans un domaine où les recherches ont rarement été couronnées de succès ces dernières années.
Ce qu’il faut aussi savoir, c’est que la découverte de ce gène pourra par la suite donner plus de chances aux chercheurs pour dévoiler de nouvelles pistes thérapeutiques afin de développer un nouveau remède. Brigitte Kieffer, directrice scientifique du centre de recherche de la génétique de l’Institut universitaire Douglas, explique que «ces derniers résultats génétiques obtenus par l'équipe du Dr. Poirier représentent un pas important dans la compréhension de la neurobiologie de la maladie d'Alzheimer, et aussi dans l'utilisation de la génétique pour découvrir une nouvelle cible moléculaire qui réponde aux nouveaux traitements développés».
Ces vingt dernières années, les recherches sur la maladie d'Alzheimer se sont surtout attelées à identifier les différents facteurs génétiques ou environnementaux pouvant générer ou faire progresser la maladie. Les recherches de l'équipe du Professeur Poirier ont entrepris de résoudre le problème dans le sens inverse, en ciblant plutôt l'identification des situations génétiques pouvant retarder le déclenchement de la maladie.
Siham Oukhit