"Le ministère irakien de la Défense a donné dimanche l’ordre de déployer des forces blindées, hissant le drapeau irakien, dans les parties de Bagdad où les forces du ministère de l’Intérieur ne sont pas présentes", a affirmé le général Abdel Aziz Mohammad, chef des opérations militaires.
Un porte-parole américain a confirmé que des unités blindées irakiennes avaient reçu l’ordre de se déployer dans Bagdad, sans fournir de détails.
Selon le responsable du ministère de la Défense, "le gouvernement a ordonné d’arrêter toute personne en arme, quelque soit le parti auquel elle appartient, politique ou religieux" et "l’armée est prête à user de la force contre quiconque refuse de se plier aux injonctions".
Ces décisions interviennent après des violences meurtrières intercommunautaires marquées notamment par des attaques contre des mosquées.
"Il y a une concertation entre dirigeants politiques et religieux pour trouver une formule de désarmement (des milices) et d’interdiction du port d’armes dans les rues", a ajouté le général Mohammad.
Il a précisé qu’au cours des derniers jours, "une commission avait été mise sur pied au sein du ministère de l’Intérieur pour fusionner les milices au sein des forces de l’Etat, excepté les peshmergas", la milice kurde.
Toutes ces mesures n’ont pas convaincu le chef de file de la principale liste sunnite, Adnane al-Doulaëmi, qui a maintenu son boycottage des négociations sur la formation du gouvernement.
"Nous avons donné la liste des mosquées au Premier ministre Ibrahim Jaafari et nous attendons des gestes concrets. S’il y a des gestes concrets, nous reviendrons à la table des négociations", a affirmé à l’AFP M. Doulaëmi qui dirige la liste du Front de la Concorde (44 députés).
Pour sa part, le porte-parole du Front de la Concorde, Thafer al-Ani, a souligné que "la situation était toujours tendue, les gangs criminels toujours dans les rues où ils font régner le chaos et personne ne les arrête. Quand les mesures seront appliquées, nous pourrons revenir à la table des négociations".
Un couvre-feu a été imposé durant trois jours sur la capitale et ses environs après la flambée de violences qui a suivi le dynamitage mercredi d’un mausolée chiite dans la ville sunnite de Samarra, au nord de Bagdad.
Après la levée du couvre-feu lundi, les magasins et les stations d’essence étaient pris d’assaut.
"Même si cette crise est terminée, nous pensons que cela peut exploser à tout moment car ils n’ont pas réglé le problème à la base", affirme Ghassan Saadoune, un médecin sunnite qui se rendait à sa clinique dans la rue commerçante de Saadoun.
L’ambassadeur des Etats-Unis à Bagdad Zalmay Khalilzad a affirmé que la situation s’améliorait en Irak et indiqué que la journaliste américaine Jill Carroll prise en otage serait vivante.
"Les choses vont mieux. Les Irakiens étaient au bord de la guerre civile en raison de l’attaque contre le lieu saint. Les leaders religieux, politiques et le gouvernement sont désormais unis pour prendre des mesures afin de calmer la situation", a-t-il dit sur la chaîne de télévision américaine Fox News.
Cependant, la violence s’est poursuivie. Quatre personnes ont été tuées et quatorze blessées par la chute d’obus près d’un point de vente de fioul, dans le nord de Bagdad, selon une source du ministère de l’Intérieur.
Deux civils, dont un enfant, ont été tués et cinq blessés lorsque des inconnus ont ouvert le feu sur un rassemblement à Baaqouba, au nord de la capitale, selon la police. Enfin, deux corps criblés de balles ont été découverts à l’entrée sud de Bagdad.