Le Colonel Mouâmmar Kadhafi serait-il en train de se réhabiliter à l’échelle internationale ou sur la voie d’asphyxier l’économie de son pays et de, surcroît, reconnaître des actes terroristes qui pourraient lui coûter très cher. Tripoli a reconnu officiellement sa responsabilité de l’attentat de Lockerbie, en Ecosse, contre l’avion de la Pan Am en 1998, qui avait fait 270 morts. Les autorités libyennes ont conclu dans la foulée un accord instaurant un fonds de 2,7 milliards de dollars pour indemniser les familles des victimes. Washington et Londres ont estimé que la Libye avait répondu aux conditions nécessaires pour la levée définitive des sanctions internationales imposées en 1992. Les autorités britanniques devaient présenter lundi un projet de résolution en ce sens devant les Nations unies. Cependant, le rideau ne tombera qu’après le vote par le Conseil de sécurité de cette résolution, qui doit lever les sanctions internationales prises contre le régime du colonel Mouâmmar Kadhafi et redonner à la Libye sa place dans le concert des nations. La France, qui dispose d’un droit de veto au Conseil de sécurité, souhaite pour sa part, au nom de l’équité, que les victimes d’un autre attentat commis en 1989 par la Libye contre un avion de ligne français bénéficient des mêmes conditions financières que celles de Lockerbie. Dimanche, le ministre français des Affaires étrangères, Dominique de Villepin, a souhaité « aboutir rapidement à un accord équitable» avec la Libye sur l’indemnisation des familles des victimes de l’attentat de 1989. Cependant, pour les autorités libyennes, ce dossier est «définitivement clos». Le ministre français des Affaires étrangères a également informé la semaine dernière par téléphone ses homologues américain et britannique, Colin Powell et Jack Straw, de la position française. Rien n’indiquait dimanche que la France soit prête à l’assouplir. Comparé à l’accord sur Lockerbie, qui prévoit que la Libye versera 10 millions de dollars par victime, celui du règlement de l’attentat du vol UTA, qui avait fait 170 morts, peut apparaître dérisoire: 35 millions de dollars au total, soit entre 3.000 et 30.000 euros pour chacune des 313 parties civiles. Les Etats-Unis ont signalé qu’ils pourraient s’abstenir lors du vote à l’Onu, et ne semblent pas encore disposés à lever leurs propres sanctions contre la Libye. Traditionnellement, un délai minimum de 24 heures doit intervenir entre le dépôt officiel d’un projet de résolution et sa mise au vote mais, si les auteurs du texte l’acceptent, il peut être étendu, sans limitation de durée, pour laisser la possibilité de régler d’éventuels points de désaccord. Pour être adoptée, une résolution doit être approuvée par au moins neuf des quinze membres du Conseil de sécurité et ne faire l’objet d’aucun vote contre (veto) de l’un des cinq membres permanents du Conseil (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie). La France n’est pas prête à transiger sur la question de l’indemnisation des familles des victimes de l’attentat de 1989. Et c’est Tripoli qui continue de persister, Paris pourrait recourir au droit de veto. Et c’est la Libye qui sortira perdante. Des sommes faramineuses sont déboursées sans obtenir la levée des sanctions. Et pire encore la France pourrait demander d’autres sanctions à l’encontre de la Libye puisqu’elle est responsable de plusieurs attentats.