La circulation dans la capitale irakienne était paralysée et la police avait fermé les ponts qui enjambent le Tigre, multiplié les points de contrôle sur les principales artères et interdit l’accès sud de de la ville pour empêcher des opérations-suicide d’extrêmistes sunnites contre les chiites.
Cependant, malgré ce dispositif, le ministre de l’Enseignement supérieur (chiite) Sami al-Mouzaffar a échappé mardi à Bagdad à un attentat à la voiture piégée qui a tué un civil alors que deux de ses gardes du corps ont été blessés.
Des jeunes habillés en noir défilaient dans les rues avec des drapeaux jaunes, rouges et verts au bruit des tambours et se dirigeaient vers le quartier de Kazamiyeh, où d’importantes cérémonies sont prévues jeudi.
Un avion sans pilote de la Force multinationale, chargé de surveiller les cérémonies, est tombé mardi dans le quartier chiite de Sadr City, a indiqué un porte-parole militaire américain.
Prenant la parole dans l’enceinte de la mosquée Khilani, au centre de Bagdad, un des principaux dirigeants chiites irakiens, Abdel Aziz Hakim, a affirmé mercredi son opposition aux attaques contre des ambassades et bâtiments officiels de pays européens, tout en fustigeant les auteurs de caricatures du prophète publiées dans la presse de ces pays.
"Nous soutenons tous ceux qui, à travers le monde et en Irak, ont manifesté contre ces caricatures, mais il ne faut pas attaquer les bâtiments officiels et les ambassades" des pays où ont été publiés les dessins, a déclaré le chef du Conseil supérieur de la Révolution islamique en Irak (CSRII).
Il a expliqué que "les auteurs des caricatures voulaient un conflit de civilisation et préparer le terrain à une nouvelle croisade visant le monde musulman".
Par ailleurs, à Baaqouba, 60 km au nord-est de Bagdad, un millier de personnes, sunnites et chiites, ont manifesté à l’appel du mouvement du chef radical chiite Moqtada Sadr, contre les caricatures de Mohamed et brûlé le drapeau danois.
A Kerbala, à 110 km au sud de Bagdad, où des centaines de milliers de pèlerins sont arrivés, 8.000 agents des forces de sécurité étaient omniprésents, multipliant les contrôles, perquisitionnant dans les hôtels et fouillant les valises, sans qu’aucun incident n’ait été signalé.
Près de la mosquée de l’imam Hussein, les commandos de police fouillaient les pèlerins des pieds à la tête, retirant même la traditionnelle keffieh coiffant les hommes arabes.
"Le terrorisme prend différents habits et j’apprécie leur travail minutieux", affirmé Hussein Fadel après la fouille.
Des tentes ont été dressées aux points de contrôle pour fouiller les femmes.
Des dizaines de milliers de personnes circulaient mercredi dans les rues, à la veille de la cérémonie principale au cours de laquelle des défilés d’affliction auront lieu avec des hommes se flagellant et s’ouvrant avec une lame le front pour que leur sang coule, afin de marquer le martyre de l’imam Hussein, petit fils de Mohamed, en 680.
La violence a encore visé mercredi des responsables municipaux. Ahmad Abdel Wahab al-Joubouri, 49 ans, qui était déjà un édile de la ville de Hawija (50 km à l’ouest de Bagdad) à l’époque de l’ancien régime, a été abattu par des inconnus alors qu’il circulait sur la route reliant sa localité à Kirkouk, a précisé le capitaine de la police, Rafed Abdallah Hussein. Son garde du corps a été blessé.
Par ailleurs, un civil a été tué et un autre a été blessé, ainsi que deux policiers, dans l’explosion de deux engins piégés dans le nord et l’est de Bagdad.