L’alliance des civilisations, idée lancée par l’Espagne pour dépasser les incompréhensions entre cultures et religions, spécialement entre mondes occidental et musulman, a débuté mardi à Madrid avec l’espoir de faire décoller cette initiative.
«L’alliance des civilisations prétend démontrer qu’il existe des voies pratiques de collaboration entre le monde islamique et le monde occidental qui démentent l’idée supposée d’affrontement inévitable entre civilisations et cultures», a notamment déclaré le Premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero lors du discours d’ouverture.
Le concept avait été lancé en septembre 2004 à la tribune des Nations unies par José Luis Rodriguez Zapatero et avait rapidement reçu l’appui de la Turquie et du secrétaire général de l’ONU de l’époque, Kofi Annan.
Le «label» a depuis été repris et entériné par les Nations unies. En avril 2007 le secrétaire général Ban Ki-moon a nommé l’ancien président portugais Jorge Sampaio comme Haut représentant pour l’Alliance des civilisations. Ce forum s’annonce comme «une importante plate-forme globale» pour permettre à des responsables de la politique, des médias, de l’industrie et des religions de «parler franchement» sur le sujet, a expliqué Shamil Idris, directeur du secrétariat de l’Alliance des civilisations, dans un communiqué de l’ONU.
«L’objectif est de favoriser l’entente culturelle et inter-religieuse, la connaissance mutuelle (…) pour favoriser une culture de paix à l’échelle globale», a indiqué vendredi la numéro deux du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega.
Le gouvernement espagnol a approuvé vendredi en conseil des ministres un plan national d’action qui ambitionne de faire de l’Espagne un «exemple» en la matière.
Parmi les mesures citées: plan de formation de spécialistes du monde arabe, création d’un «Corps des volontaires de l’Alliance des civilisations» et d’un institut universitaire spécialisé sur cette thématique.
La Turquie présentera elle aussi son propre un «plan national pour le développement du dialogue interculturel», selon un communiqué du ministère turc des Affaires étrangères. Le programme annonce la venue de personnalités politiques du monde arabe et musulman, comme le secrétaire général de la Ligue Arabe, Amr Moussa, et le premier ministre malaisien, Abdullah Ahmad Badawi. Outre quelques personnalités de pays occidentaux (présidente finlandaise Tarja Halonen, président de la Slovénie Danilo Turk, maire de Paris Bertrand Delanoë), ce forum comptera sur une présence importante des médias arabes, en particulier la chaîne arabe Al-Jazeera et de son présentateur vedette Riz Khan. Des personnalités du monde du cinéma, parmi lesquelles l’acteur espagnol Antonio Banderas, et des lettres, dont les prix Nobel de Littérature 1986 et 2006, le Nigérian Wole Soyinka et le Turc Orhan Pamuk, sont également attendues. Les Nations unies annoncent en outre la présence de «trois grands noms d’Hollywood» sans préciser leur identité.