L’ETA a perpétré vendredi son premier attentat depuis la rupture officielle de sa trêve le 5 juin, en faisant exploser une fourgonnette au Pays basque espagnol devant la caserne de la garde civile de Durango (nord), blessant légèrement deux gardes civils.
«Tout indique que c’est l’ETA», a déclaré un porte-parole de la garde civile à l’AFP, même si l’organisation indépendantiste basque armée n’a ni revendiqué cette action perpétrée dans la petite ville basque de Durango, située à une trentaine de kilomètres à l’est de Bilbao, ni averti, comme elle le fait souvent, de l’imminence de l’attentat . La forte explosion a eu lieu vers 03h30 heure locale (01h30 GMT), a dit à l’AFP le service d’assistance routière au Pays basque, la DYA. «Nous avons été alertés au téléphone d’une explosion ayant fait deux blessés légers parmi les gardes civils, qui souffrent de coupures», a raconté un employé de la DYA. Ces deux derniers ont été brièvement hospitalisés. L’explosion a provoqué d’importants dégâts matériels, a constaté sur place un photographe de l’AFP. Les gardes civils de faction ont vu un homme garer la fourgonnette et partir immédiatement à bord d’un véhicule conduit par une seconde personne juste avant l’explosion, ont annoncé les médias espagnols. Environ une heure plus tard, un autre véhicule, qui pourrait être celui à bord duquel les auteurs de l’attentat ont pris la fuite, a explosé dans la localité voisine d’Amorebieta, sans faire de victimes. Selon des sources antiterroristes citées par l’agence Europa Press, cette voiture portait une plaque d’immatriculation portugaise, ce qui pourrait confirmer les craintes de la police concernant une possible implantation de l’ETA dans ce pays. La police espagnole avait découvert, le 21 juin dans le Sud, près de la frontière portugaise, un véhicule rempli de 130 kg d’explosifs loué au Portugal et abandonné à la hâte par l’ETA à proximité d’un contrôle routier. Le porte-parole de l’assistance routière au Pays basque joint par l’AFP a souligné que la DYA n’avait pas été alertée de l’imminence de l’explosion de Durango. L’ETA a pour habitude de prévenir ce service ou la presse indépendantiste basque peu avant ses attentats lorsqu’elle souhaite épargner des vies humaines. Mais la radio Cadena Ser a rappelé qu’elle ne le faisait jamais quand ses attentats ciblaient les forces de sécurité espagnoles.
L’ETA avait annoncé le 5 juin la rupture officielle du cessez-le-feu permanent de mars 2006, qu’elle avait de facto rompu le 30 décembre par un attentat à l’aéroport de Madrid qui avait fait deux morts. Cet attentat avait enterré la tentative de règlement pacifique amorcée avec le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero.
Tenue pour responsable de la mort de 819 personnes en près de 40 ans d’attentats et d’assassinats dans sa lutte pour l’indépendance du Pays basque, l’ETA n’avait pas commis d’attentat depuis l’annonce de son retour aux armes «sur tous les fronts».
Elle avait en revanche subi de nombreux revers, en particulier en France : arrestation de 18 de ses membres – dont le chef de l’appareil logistique -, et saisie de près de 400 kg de substances explosives. Le gouvernement espagnol, très critiqué par la droite pour avoir négocié avec l’ETA, s’était félicité de ces succès policiers, tout en admettant qu’ils ne faisaient que repousser l’échéance inéluctable d’un attentat. Le ministre de l’Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba, avait souligné jeudi que le silence observé dernièrement par le bras politique de l’ETA, Batasuna, était «le pire des augures».