Selon l’agence semi-officielle Nouvelles de Chine (China News Service, CNS) 15 mineurs étaient encore bloqués au fond de la mine lundi soir.
La radio nationale avait indiqué plus tôt dans la journée que le coup de grisou avait fait au moins 88 morts.
Le drame est survenu dimanche soir vers 21H40 (13H40 GMT) alors que 221 mineurs se trouvaient au fond d’un puits de la mine de Dongfeng dans le Heilongjiang (nord-est), province également touchée par une grave pollution au benzène causée par une explosion dans une usine chimique.
L’accident s’est produit dans une mine du grand groupe minier public, Longmei, située sur la commune de Qitaihe, à 200 km à l’ouest de la frontière avec la Russie.
Selon la télévision nationale, qui a montré quelques images des opérations de secours, l’explosion pourrait être due à un problème de ventilation, une hypothèse relayée par les principaux médias chinois.
"La cause de l’accident n’est pas encore déterminée", a toutefois affirmé à l’AFP un reponsable de l’industrie minière de Qitaihe, sous couvert de l’anonymat.
Des habitants joints au téléphone ont indiqué que la mine, l’une des plus anciennes de la région et l’une des plus petites du groupe Longmei, opérait depuis 1958.
"Je n’ai jamais entendu parler d’accident grave avant celui-ci", a déclaré l’un d’eux.
La catastrophe est survenue trois jours seulement après un autre accident du même genre, dans la province du Hebei (nord), qui a coûté la vie à 18 mineurs dont le décès a été confirmé lundi.
La Chine est le pays au monde qui enregistre le plus grand nombre d’accidents miniers. L’un des plus graves remonte au mois d’août quand 123 mineurs avaient péri dans une houillère de la province du Guangdong (sud).
Le pays compte environ 24.000 mines de charbon, mais aucune statistique officielle n’est disponible sur le nombre d’employés dans le secteur.
Malgré les fermetures des mines illégales ou de celles fonctionnant avec des conditions de sécurité insuffisantes, les accidents font officiellement environ 6.000 morts chaque année. Des estimations indépendantes avancent le nombre de 20.000 victimes par an.
Selon les statistiques gouvernementales, le nombre de victimes a augmenté de 8,5% au cours des huit premiers mois de 2005, par rapport à la même période de 2004.
Tel un aveu d’impuissance, le gouvernement a souligné lundi qu’il avait déjà rappelé à l’ordre les propriétaires de mines pour qu’ils améliorent la sécurité.
"Le secrétaire général (du Parti communiste chinois) Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao ont souvent ordonné aux départements concernés de prendre les mesures nécessaires pour renforcer la sécurité et empêcher les accidents", a indiqué l’Administration d’Etat pour la sécurité industrielle, sur son site internet.
"Il n’est pas certain que les efforts demandés soient payés de retour tant de nombreux signes montrent que la supervision aux niveaux local et provincial laisse à désirer", a aussi commenté le China Daily, lundi dans un éditorial.
La Chine, dont la machine économique tourne à plein régime, dépend du charbon pour plus de 70% de sa production d’électricité et les houillères fonctionnent nuit et jour.
Mais le manque d’énergie reste le principal problème de l’économie chinoise : 26 des 31 provinces et régions du pays ont connu des coupures de courant au premier trimestre cette année.
Afin de répondre à la demande, le gouvernement a prévu de faire passer la production de charbon de 2,1 milliards de tonnes en 2004 à 2,4 milliards en cinq ans.