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Expulsion de migrants par l’Algérie : deux ONG déplorent « un retour tragique en arrière pour l’Afrique »

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vDeux ONG africains actives à Genève ont saisi, mercredi 14 décembre 2016, trois agences des Nations unies sur l’expulsion massive de migrants subsahariens par les autorités algériennes, en déplorant « un retour tragique en arrière pour l’Afrique ».

« Ces expulsions sont une flagrante violation de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples et les instruments internationaux sur les droits des migrants », ont affirmé les organisations CIRAC et AIPD, dotées du statut consultatif auprès de l’ONU.

Les deux ONG ont adressé, au nom de la Coalition panafricaine pour la Paix, l’unité et la sécurité, une lettre à ce sujet au Haut-commissariat aux droits de l’Homme, au Haut-commissariat aux réfugiés et à l’Organisation internationale pour les migrations. Dans cette lettre, elles expriment leur « tristesse et vive désapprobation » face aux mesures prises contre les ressortissants subsahariens en Algérie et appellent les organismes des Nations unies à agir pour assurer la protection de ces migrants.

« Nous condamnons avec la plus forte énergie ces pratiques d’un autre âge qui ne peuvent placer l’Algérie qu’au ban de la communauté internationale », a déclaré à la MAP le président du Comité international pour le respect de la Charte africaine des droits de l’Homme (CIRAC), Maluza W. Mavula. Il a considéré que l’expulsion collective de plus de 1.400 ressortissants subsahariens par les autorités algériennes « est un retour tragique en arrière pour l’Afrique à l’heure où ses pays ont le plus besoin de travailler ensemble pour davantage de solidarité et d’intégration continentale ». Le CIRAC et l’AIPD ont en outre lancé un appel à Alger pour « mettre un terme à ces agissements inhumains qui font honte à Alger et à l’Afrique, indemniser les personnes dépouillées de leurs biens et se mettre en conformité avec les instruments et traités internationaux et régionaux ».

« Par leur démarche arbitraire, les autorités algériennes ne donnent aucun gage de sécurité aux défenseurs des droits humains », ont-elles poursuivi.

Le 30 septembre dernier, Amnesty International avait tiré la sonnette d’alarme sur la situation des migrants subsahariens en Algérie. Il s’agit d’une communauté estimée à 150.000 personnes originaires majoritairement du Nigeria, du Niger, du Liberia, du Cameroun, du Mali et de la Guinée, selon les autorités algériennes. Déclenchée le 1er décembre 2016 à Alger, l’opération anti-migrants a concerné tous les quartiers où vivent les subsahariens dont les rafles n’épargnent ni les femmes, ni les enfants, au point qu’un syndicat autonome a dénoncé « la plus grande chasse à l’homme noir depuis l’indépendance ».

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