"S’ils prouvent que j’ai un compte à l’étranger, je renonce à ma charge, aux fonctions que j’exerce", a déclaré le président cubain au terme d’une émission spéciale de près de 4H30 consacrée à répondre aux allégations du magazine américain, qualifiées d’"infâmes calomnies" dès le matin par toute la presse officielle.
"Je les mets tous au défi, en premier lieu le président Bush, ce filou, la CIA, les 33 organes de renseignement des Etats-Unis, les milliers de banques qu’il y a dans le monde. Je les mets au défi. On va voir s’ils se taisent, maintenant", a lancé le président cubain, visiblement en colère.
Selon le palmares 2006 de Forbes, la fortune de Fidel Castro, la première des chefs d’Etat en exercice hormis celle des monarques, et la septième en incluant ces derniers, est évaluée à 900 millions de dollars.
Elle s’appuierait sur un réseau formé d’institutions comme le Palais des conventions, la corporation d’Etat CIMEX, qui a le monopole des importations et exportations, et Medicuba, qui vend les vaccins et d’autres produits pharmaceutiques cubains.
"Ils croient que je suis (l’ex-président du Zaïre) Mobutu ou l’un de ces milliardaires, voleurs, pillards à qui l’empire a donné le sein et protégés", a-t-il déclaré, ajoutant que l’affaire lui avait "donné la nausée" à devoir "se défendre de ces ordures".
"Je leur offre, je leur fait cadeau de tout ce qu’ils ont recherché.
Ils ont voulu m’éliminer, ils n’ont pas pu, ils ont voulu me faire abandonner la révolution, je les mets au défi de prouver ce qu’ils ont dit. Et s’ils le prouvent, pas besoin qu’ils préparent plus de plans, ni de transition ni de bêtises de ce genre", a-t-il ajouté.
Pour répondre à ce qu’il a qualifié de "manoeuvre américaine", le chef de l’Etat avait convoqué une émission spéciale en soirée à laquelle ont participé le président de la Banque centrale (BCC) Francisco Soberon, le ministre de la Culture Abel Prieto et d’autres responsables cubains, qui ont assuré tour à tour sa défense après lui.
Fidel Castro a salué la présence parmi les invités de "personnages aussi illustres" que le directeur du mensuel français Le Monde diplomatique, M.
Ignacio Ramonet, proche du président cubain.
"Une fois de plus a été commise l’infâmie de parler de la fortune de Castro, où l’on me situe même au-dessus de la reine d’Angleterre", avait déclaré le dirigeant en préambule.
"Je ne suis pas né totalement pauvre. Mon père possédait des milliers d’hectares de terre. A la victoire de la révolution, toutes ces terres ont été remises aux paysans", a-t-il rappelé, avant de reprendre une formule qu’il avait déjà lancée en juin 2002: "Toute ma fortune, M. (George W.) Bush tient dans la poche de votre chemise !" Pour sa part, le président de la Banque centrale, évoquant "une action des services de renseignements américain", a déclaré: "Avec une autorité morale absolue et en regardant en face notre peuple et l’opinion publique, nous affirmons que son plus haut dirigeant constitue un exemple de dignité et de netteté".
"Dans notre économie planifiée centralement et avec le système bancaire central qui gère la totalité des devises, il est totalement impossible que quelqu’un de la plus haute direction puisse disposer de comptes à l’étranger", a encore assuré le président de la BCC.
Fidel Castro s’était déclaré tenu de répondre au magazine américain, car il citait des institutions et des entreprises cubaines.
L’an dernier, Forbes avait estimé sa fortune personnelle à 550 millions de dollars, et à 150 millions en 2004.