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France : Bernard Kouchner ministre étranger à ses affaires

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Lorsque Bernard Kouchner avait pris possession du Quai d’Orsay, siège historique du ministère des Affaires étrangères, il y avait eu comme une sorte d’extase générale sur cette prestigieuse prise de guerre dérobée par le machiavélique Nicolas Sarkozy à une opposition déboussolée par ses échecs répétitifs. Rares étaient ceux qui s’interrogeaient sur la valeur ajoutée d’un tel profil à la diplomatie que comptait mettre en œuvre le président de la République. Aujourd’hui, le constat est des plus terribles pour le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Il aura été le ministre le plus impuissant, l’acteur diplomatique le plus absent de l’équation de Nicolas Sarkozy. La tentation est grande de comparer avec quelle énergie le président de la République avait réussi à transformer le Premier ministre François Fillon en super directeur de cabinet et avec quelle dextérité il avait relégué Bernard Kouchner au poste de grand ambassadeur, avec une icône reconnaissable certes, mais hors cadre et hors échelle.
Il faut dire que Bernard Kouchner, que ses anciens amis socialistes poursuivaient toujours de leurs malédictions et dont ses impossibles amis de la droite évitent la fréquentation, n’avait pas choisi la tâche la plus aisée : représenter la parole diplomatique française à l’étranger. Surtout avec un homme comme Nicolas Sarkozy qui veut tout contrôler, tout verrouiller et qui pousse la notion du «domaine réservé» jusqu’à son paroxysme. Entre les deux hommes, l’alchimie de la séduction a réellement fonctionné. Une indéfectible gratitude réciproque les lie à jamais. Nicolas Sarkozy reconnaît à Bernard Kouchner de lui avoir procuré l’occasion de «s’auto laver» de l’accusation de sectarisme que ses adversaires tentaient de lui accoler. Même si plus tard il sera durement concurrencé sur ce plan par Eric Besson, ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale. Et Bernard Kouchner est redevable au président de la République de lui avoir offert un destin ministériel que sa propre famille, la gauche, lui a toujours renié.
La magie de cette relation s’arrête là. Dans l’exercice du pouvoir diplomatique, Bernard Kouchner est resté spectateur de sa propre inaction. Lorsque le président de la République a besoin de traiter un dossier sensible et urgent au Proche-Orient, en Europe ou en Amérique, il préfère confier cette mission à deux de ses plus porches collaborateurs. Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, et Jean David Levitte, conseiller diplomatique. Et signe de l’ampleur de l’estime dans lequel l’Elysée tient le Quai d’Orsay, lorsque le président de la République a besoin d’ouvrir de nouveaux canaux de communication avec des pays jusque-là interdits comme Cuba ou la Corée du Nord, il choisit, comble de l’horreur pour Bernard Kouchner, le socialiste Jack Lang. Bernard Kouchner, qui s’est opposé publiquement à Nicolas Sarkozy sur la crise iranienne, a passé le plus clair de son temps à répondre à cette accusation volontairement sadique des journalistes selon laquelle il ne sert à rien. Bernard Kouchner incarne certes l’ouverture. Mais la question qui taraude les esprits pour 2010 est : Pour combien de temps encore ?

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