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France : Bernard Kouchner prépare sa sortie

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A un moment précis où Nicolas Sarkozy concocte le remaniement de son gouvernement prévu pour octobre, il y a des mots qu’un ministre, déjà sur la sellette, ne doit jamais prononcer, c’est celui de «démission». Et pourtant c’est ce qui vient d’arriver à Bernard Kouchner, ministre d’ouverture des Affaires étrangères. Il l’a fait pour bien marquer sa différence et sa distance à l’égard de la politique d’expulsion des Roms : «Comment faire pour y remédier? En démissionnant, j’y ai pensé». Avant de se raviser avec une pirouette qui laisse un goût bizarre: «S’en aller, c’est déserter». Mais le plus important dans cette affaire est que le ministre des Affaires étrangères a lâché le mot «démission». Un mot qui sonne, en ces temps incertains de grandes reconfigurations, comme un coup de cravache et qui fait le tour des rédactions à la vitesse de la lumière. Sa principale dangerosité est qu’il confirme que Bernard Kouchner ne se sent plus bien dans ses charentaises au Quai d’Orsay. Mais pire encore, il signifie dans les oreilles du noyau dur de l’UMP, amarré au tour du Nicolas Sarkozy pour réussir politiquement le virage sécuritaire de Grenoble, comme un manque de solidarité, un coup dans le dos.
Et pourtant durant de nombreuses prestations médiatiques, les journalistes avaient vainement tenté d’arracher à Bernard Kouchner des confidences sur son malaise à la tête d’un ministère des Affaires étrangères devenu presque fictif. Avec une inoxydable régularité, Bernard Kouchner avait tenu à décrire son bonheur à travailler à la tête d’une prestigieuse administration et démontrer l’efficacité de son action pour faire entendre la parole de la France dans le monde et étoffer davantage son rôle. A peine avait-il consenti à lancer quelques piques bien molles à l’encontre du véritable duo qui pilote la diplomatie française que sont Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée et Jean-David Levitte, conseiller diplomatique de Nicolas Sarkozy. Même quand son ministère fut violemment attaqué par d’anciens ambassadeurs comme Jean-Christophe Ruffin qui pointe son incompétence ou d’anciens ministres des Affaires étrangères comme Hubert Védrine et Alain Juppé qui soulignent son évanescence, ou quand trois anciens secrétaires généraux du Quai d’Orsay, François Scheer, Bertrand Dufourcq et Loïc Hennekine, tirent la sonnette d’alarme en écrivant «l’outil s’amenuise d’année en année jusqu’à parvenir à un point critique», Bernard Kouchner est resté de marbre. Il a eu l’occasion de défendre son bilan lors de la dernière assemblée annuelle des ambassadeurs de France réunis à Paris le week-end dernier. Il savait que tant que Nicolas Sarkozy avait encore besoin de lui pour démontrer les vertus de l’ouverture, son démantèlement était improbable. Bernard Kouchner est décrit de plus en plus comme l’inévitable victime du prochain remaniement pour la simple raison qu’une grande partie de l’UMP travaillée par des hommes comme Jean-François Copé ne supportent plus de la voir dans le casting gouvernemental. Et même s’il avait été connu dans le passé pour son tempérament sanguin, Bernard Kouchner ne pourra plus se payer le luxe d’avoir un clash avec Nicolas Sarkozy comme ses anciens amis l’ont régulièrement invité à la faire. Il partirait quand le président de la République le lui aura demandé. La meilleure manière d’assurer ses arrières et de garantir sa reconversion.

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