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France : Bruno Gollnisch, l’autre tête de Front

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S’il y a un homme qui a cheminé avec une certaine constance et une fidélité certaine à l’ombre du grand patriarche du Front National, Jean-Marie Le Pen, durant les grandes années de gloire, c’est bien Bruno Gollnisch. Et donc c’est tout naturellement que l’envie de succéder au chef au crépuscule de sa carrière était devenue une évidence. Et c’est depuis 2008 que l’idée de son intronisation à la tête du Front National était dans l’air comme une évolution incontournable. Dans son entourage, on n’attendait que le moment où Jean-Marie Le Pen allait annoncer son désir de prendre sa retraite. Lorsque cette idée avait été officieusement validée par les instances du parti, le FN était un bateau à la dérive. Des tracas financiers qui le menacent d’un dépôt de bilan éminent, une succession de revers électoraux qui révèlent une perte de souffle, une idéologie ouvertement captée par Nicolas Sarkozy au sommet de son essor, un chef, Jean-Marie Le Pen qui ressemble de plus en plus à un vieux lion édenté. Bruno Gollnisch, dont le regard instable sous des lunettes lui donne souvent un air de famille avec Jean-Marie Le Pen, croyait son heure venue. Il était, sur le plan des idées extrémistes et négationnistes, celui qui ressemble le plus au numéro un du Front National. Il partageait avec Jean-Marie Le Pen le goût de la polémique et de la provocation. Lors de sa déclaration de candidature à la présidence du Front National qu’il avait lue sur le parvis de la Basilique de Seine-Saint-Denis, Bruno Gollnisch donna un échantillon de son programme : «La Seine-Saint-Denis ne doit pas devenir pour la France ce que fut le Kosovo pour la Serbie : berceau de l’Histoire nationale progressivement submergée, puis amputé par les forces d’une coalition étrangère». Sûr de sa consécration, Bruno Gollnisch, député européen, vice-président du FN, voyait d’un œil amusé les tentatives de Marine Le Pen de sortir de l’orthodoxie patriarcale. Elle avait tenté d’arrondir l’expression politique du FN, de l’expurger de tout ce qui fait de ce parti une formation infréquentable. Bref, de lui fabriquer un brevet de respectabilité. Marine Le Pen avait relativement réussi son coup. Par sa voix et son image, le Front National était parvenu à porter sa parole et son message dans des lieux qui lui étaient jusque-là clos. Coqueluche des médias, rares sont les journalistes qui refusent de la recevoir. A la veille du congrès de Tours prévu en janvier 2011 au cours duquel le parti de l’extrême droite doit se choisir un successeur pour Jean-Marie Le Pen, Bruno Gollnisch et Marine Le Pen tiennent le haut du pavé. Le premier reproche aux médias français d’avoir déjà consacré Marine Le Pen et se plaint d’ostracisme médiatique. La seconde accuse Bruno Gollnisch de tout faire pour maintenir le parti dans la marge et l’isolement. La compétition entre les deux candidats est si forte que la dernière sortie de Marine Le Pen sur les musulmans qui prient dans la rue comparés à l’occupation allemande était un acte mûrement planifié et n’avait pour objectif que d’adresser un message de radicalité aux troupes du Front National pour ne pas laisser à Bruno Gollnisch le monopole de la xénophobie de l’Islam. Bruno Gollnisch avait essayé de faire la différence en maintenant l’étendard de la préférence nationale et de la haine de l’étranger poussé à l’extrême. Marine Le Pen avait tenté de le rattraper. La surenchère est ouverte.

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