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France : François Fillon, homme de l’année française 2010

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Si au début de cette année 2010, on avait dit à François Fillon qu’il allait non seulement la terminer en grande beauté, mais aussi devenir un élément incontournable de l’équation politique à droite, il aurait écarquillé les yeux d’incrédulité, se contentant de renvoyer les bonimenteurs à leur penchant de courtisans et les moqueurs à leur ironie morbide. Et pourtant c’est le destin de l’unique Premier ministre du président de la République Nicolas Sarkozy. Alors qu’on le donnait cassé par une sciatique physique et psychologique, prêt à offrir sa nuque pour jouer les grands fusibles qui vous relancent un quinquennat en panne, le voilà par la grâce d’une alchimie d’événements qui se transforme en sauveur, incarnant un des rares pôles de stabilité qui rassure là où Nicolas Sarkozy, le grand timonier, ne suscite qu’angoisse et inquiétudes. Qu’a-t-il fait de si magique, cette année, pour métamorphoser son destin et obliger Nicolas Sarkozy à zapper toute la classe politique française avec ses nombreuses potentialités et ses multiples talents pour ne voir que François Fillon comme incontournable Premier ministre ? La question est sur toutes les lèvres et la réponse jaillit comme un coup de cravache qui résonne dans un désert montagneux : rien ou presque si peu. Sauf à penser qu’il s’agissait d’une comédie machiavélique dont les partitions étaient jouées à l’avance, la relation entre Nicolas Sarkozy et son Premier ministre François Fillon était devenue une rupture quotidienne. Une grande dramaturgie avec bateleurs et chef d’orchestre. La presse, sans doute inspirée par les nombreuses officines qui ont pignon sur rue, s’en donnait à cœur joie sur ce divorce grandeur nature entre deux hommes qui allaient irrémédiablement au clash et à la séparation. Des «Unes» à l’allure «autorisée» et sur commande soulignaient ce grand fossé qui sépare les deux tempéraments et qui rend inéluctable leur déconnexion. Avec le recul, François Fillon avait réussi à se maintenir et à réaliser son grand rêve d’accomplir un quinquennat entier à Matignon pour deux raisons principales. La première tient à l’agenda politique élaboré par l’Elysée pour reconquérir l’opinion, un cocktail explosif d’excès sécuritaire et d’identité nationale. François Fillon a su intelligemment garder ses distances à l’égard de tels débats politiciens et ne pas être éclaboussé par ses effluves les plus nauséabonds. François Fillon aurait pu donner dans la surenchère. Il adopta une attitude ronde, responsable là où d’autres jouaient les aventuriers pyromanes. La seconde raison est qu’en annonçant son départ presque six mois à l’avance, Nicolas Sarkozy a donné à son Premier ministre largement le temps de manœuvrer pour se rendre indispensable. Il a brillamment joué sur le rejet qu’inspire son principal concurrent Jean-Louis Borloo et su séduire l’UMP et son puissant groupe parlementaire devenus, pour l’occasion, ses principaux avocats auprès de Nicolas Sarkozy. Le magazine américain «Time» avait choisi Mark Zuckerberg, fondateur de «Facebook» comme homme de l’année, baptisé «The connector». Le journal français «Le Monde» a jeté son dévolu sur l’Australien Jullian Assange, l’animateur subversif du site «WikiLeaks». Deux hommes aux ambitions globales. Sur le plan modestement français, le seul homme politique qui a réussi à forcer l’admiration, par sa rébellion froide et sa résistance acharnée, est François Fillon. Chapeau l’artiste.

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