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France : Frédéric Mitterrand, le ministre aux désaveux permanents

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S’il y a un ministre dans le gouvernement de François Fillon qui semble boire la coupe du désaveu jusqu’à la lie, c’est bien Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture. Il le fait d’autant plus avec un large sourire dont il est difficile de repérer s’il est indicateur de contentement ou rictus de frustration. Il est devenu l’avaleur public de couleuvres avec un tel courage et une telle résistance qui forcent l’admiration même de ses détracteurs. Sur au moins trois grands dossiers très abrasifs, Frédéric Mitterrand a dû ravaler son indécision. Le premier de ces dernières semaines fut l’Audiovisuel extérieur de la France (AEF) à la tête duquel une bérézina ubuesque est en train de faire office de gouvernance à «la française»: Une guerre sans merci sur fond d’une sombre affaire d’espionnage entre le président Alain de Pouzilhac et sa directrice générale déléguée Christine Ockrent, la campagne de l’ex-ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Plus mâle et viril que jamais, Frédéric Mitterrand avait crânement annoncé qu’il allait siffler «la fin de la recréation». Aux dernières nouvelles, un statu quo paralysant est toujours maître de la situation. La seconde affaire qui a fait beaucoup de bruit dans la presse est celle du virage total observé par Frédéric Mitterrand sur la célébration de l’écrivain Louis-Ferdinand Céline. Après l’avoir intégré sur la liste des célébrations nationales de 2011, travail qui se fait traditionnellement après un profond examen et une mûre réflexion, le voilà qui, sous l’effet d’une indignation légitime des pourfendeurs de l’écrivain Céline pour ses écrits et son attitude antisémites, change de cap et décide d’exclure Céline de cet hommage national. Pour justifier un tel changement, Frédéric Mitterrand fait mine de découvrir la noirceur de Céline. Ce qui rajoute à une vague d’indignations les quolibets moqueurs des critiques.
Manque de chance, Frédéric Mitterrand est une victime collatérale de la révolution tunisienne. L’opinion publique française découvre que son ministre de la Culture est aussi détenteur de la nationalité tunisienne offerte par le président déchu Ben Ali en reconnaissance sans aucun doute aux précieux services rendus au régime tunisien. Pour se défendre de cette situation inconfortable, Frédéric Mitterrand rappelle à qui veut l’entendre combien il avait œuvré pour aider les artistes et créateurs tunisiens, le réceptacle naturel de la résistance à Ben Ali. Dans son bilan d’ensemble, Frédéric Mitterrand ne peut se prévaloir de fulgurant succès. La loi HADOPI pour lutter contre le téléchargement illégal vient de montrer ses limites. La «Carte musique jeune» qu’il avait lancée pour booster l’industrie du disque victime du piratage a vite montré des signes d’essoufflement. Frédéric Mitterrand est un rescapé miraculeux du gouvernement de François Fillon. Personne n’aurait parié sur sa reconduction tant étaient violents le scandale et les accusations de pédophilie lancés contre lui par une Marine Le Pen en pleine ascension. D’autant plus que n’ayant aucune valeur politique à part celle que peut charrier la confusion avec l’illustre patronyme, Frédéric Mitterrand avait réussi à fédérer les haut-le-cœur d’une gauche qui se pince le nez et le rejet épidermique d’une droite qui piaffe d’impatience d’en découdre.

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