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France : Sarkozy lâche Al Assad

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La situation de Nicolas Sarkozy à l’égard de la Syrie devenait réellement intenable. Il ne pouvait se pavaner sur le théâtre libyen comme le chantre de la démocratisation du monde arabe, fusse-t-elle par la force et rester discret, voire silencieux sur la crise syrienne qui, toutes proportions gardées, possède de nombreuses similitudes avec le cas libyen. Depuis le début des événements de la Syrie, victime elle aussi de ce vent de liberté et d’aspiration démocratique, la diplomatie française ne pouvait imaginer même dans ses pires cauchemars l’application du même traitement réservé à Mouammar Kadhafi. Le Syrien Bachar Al Assad était décrit comme une pièce maîtresse du fragile équilibre de cette région qu’une petite étincelle pourrait faire imploser. Même quand la situation sécuritaire atteignait des niveaux d’alerte insupportables, Nicolas Sarkozy se contentait de faire parler la langue indignée de son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé. De la mobilisation de la communauté internationale pour obliger le régime de Bachar Al Assad à se démocratiser, il n’en était pas question. Ce serait, pensaient les plus réalistes des diplomates, donner un coup de pied irresponsable dans un nid d’abeilles au dard empoisonné. C’est qu’entre Nicolas Sarkozy et Bachar Al Assad, la relation était beaucoup plus imbriquée, plus stratégique que celle qu’il entretenait avec des hommes comme Zine El Abiddine Ben Ali ou même l’Égyptien Hosni Moubarak. Avec le président syrien, Nicolas Sarkozy réalisa sa seule et vraie rupture avec l’ère de Jacques Chirac. Tandis que l’ancien président de la République poursuivait de sa haine et de sa vengeance le maître de Damas qu’il accusait d’avoir fomenté l’assassinat de son ami l’ancien Premier ministre libanais Rafiq Hariri, Nicolas Sarkozy se prit d’une soudaine passion pour Bachar Al Assad qu’il aida, parfois de manière ostentatoire, à soigner son image, au risque de jouer son attaché des relations publiques internationales. On voyait mal Nicolas Sarkozy changer de fusil d’épaule avec cette rapidité. La Syrie n’est pas la Libye et Bachar Al Assad n’exerce pas sa dictature avec la même brutalité que celle dont a fait preuve le rais libyen acculé à défendre un pouvoir chancelant et une influence qui se rétrécit à vue d’œil. Mais depuis que l’armée syrienne a utilisé des chars blindés pour casser les foyers de la contestation, Nicolas Sarkozy n’eut d’autres choix que de hausser le ton à l’encontre de Bachar Al Assad. Il l’avait fait à Rome après avoir donné son feu vert à ce que ses diplomates à l’Onu participent à générer une résolution qui condamne avec la plus grande solennité la politique du gouvernement syrien et qui envisage une série de sanctions ciblant des personnalités syriennes les plus impliquées dans le massacre de civils innocents.  Nicolas Sarkozy a opéré ce tournant syrien sans aucun doute pour deux raisons principales. D’abord pour éviter les attaques de son opposition domestique qui commence à engranger des bénéfices en pointant les contradictions de sa posture sélective. Ensuite pour garder une cohérence qui justifierait toutes sortes de difficultés, que la coalition inspirée et menée par les Français rencontrent sur le théâtre libyen. Nicolas Sarkozy, qui semble avoir avancé à reculons sur le dossier syrien, pourra toujours se consoler par l’impossible consensus international à trouver aujourd’hui pour organiser une intervention militaire contre la Syrie.

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