Le retrait israélien a fait monter la pression dans la bande de Gaza. Mercredi, un colon a tué avec sang froid quatre Palestiniens en Cisjordanie. Ses victimes travaillaient comme ouvriers dans la colonie de shilo. Le colon a premièrement tiré sur un groupe de Palestiniens dont l’un a été tué et deux grièvement blessés. Puis il a abattu deux Palestiniens qui se trouvaient dans une voiture. L’un des blessés a ensuite succombé. Le meurtrier a été arrêté. Identifié par les médias israéliens comme étant un certain Acher Weisgan de l’implantation de Chvout Rachel en Cisjordanie, le meurtrier transportait quotidiennement des ouvriers palestiniens jusqu’à la zone industrielle de Chilo.
Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a aussitôt condamné cet acte. Selon lui, cet assassinat serait une tentative de saboter le retrait de la bande de Gaza.
«Cet acte de terreur juive, visant des Palestiniens innocents, provenait d’un esprit tordu, afin d’arrêter le désengagement », a-t-il déclaré aux médias. Sharon a fait le point de la situation avec les services de sécurité du Shin Bet.
Il s’agit du deuxième attentat de cette nature en deux semaines. Lors d’une première attaque, un extrémiste israélien avait abattu trois Arabes dans un autobus.
La réaction du Hamas n’a pas tardé. Le mouvement radical a annoncé que les Palestiniens assassinés seront vengés tôt ou tard. Le porte-parole du Hamas Mouchir al-Masri a promis que "ce crime ne passerait pas sans être durement puni. L’ennemi ouvre la porte de la vengeance." Il a toutefois indiqué que son organisation pourrait ne pas envenimer les choses en provoquant des représailles israéliennes : « Aucun d’entre nous ne souhaite que l’occupation se poursuive ou faire obstacle au retrait mais face à cette série de crimes (…) toutes les éventualités sont ouvertes». C’est dans ce climat de tensions intenses que l’armée israélienne a poursuivi l’évacuation forcée des colonies.
Une évacuation qui s’annonce être de plus en plus dure. En effet, des colonies radicales ont résisté aux autorités israéliennes. Selon l’AFP, des extrémistes juifs ont jeté des oeufs et incendié des maisons face aux soldats venus jeudi les évacuer de force de Gaza où des militants se sont retranchés dans des synagogues pour tenter de bloquer leur expulsion de ce territoire palestinien. Au deuxième jour de l’évacuation forcée, des soldats et policiers israéliens ont pénétré dans cinq colonies abritant les plus radicaux des colons hostiles au retrait qui résistaient au milieu de pleurs et cris hystériques.
Alors que le retrait entre dans une phase critique, l’inquiétude continue à tourmenter les esprits. En effet, plusieurs personnes craignent que le but de ce retrait n’est autre que de renforcer la mainmise d’Israël sur la Cisjordanie.
En effet, nombreux sont ceux qui redoutent que le Premier ministre Ariel Sharon ne refuse à l’avenir de céder davantage de territoires en Cisjordanie, menaçant ainsi le rêve de l’Etat palestinien. Aux Emirats arabes unis, le quotidien indépendant "Gulf News" exhorte la communauté internationale à faire pression sur Israël pour qu’il évacue d’autres terres occupées, notamment la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est.
Pour le rédacteur en chef du quotidien arabe "Al-Hayat", les choses sont claires : le désengagement de Gaza est de la part d’Ariel Sharon un retrait tactique. « Parfois un combattant est forcé de reculer d’un pas, mais cela ne signifie pas qu’il veut la paix. La retraite vise à redessiner les lignes de front, à redéployer pour renforcer la capacité à mener la bataille suivante », estime Ghassan Sharbal. Pour M. Sharon, ajoute-t-il, le désengagement renforce « les chances d’avaler une partie de la Cisjordanie ».