Dans le même temps, des députés de cette majorité également menée par le chef druze Walid Joumblatt, vilipendé par un journal syrien, ont tiré à boulets rouges sur le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, soupçonné de vouloir blanchir Damas dans l’assassinat de Rafic Hariri.
"Je suis convaincu qu’une guerre est menée contre nous par un régime terroriste qui veut changer le régime démocratique libanais", a affirmé M. Hariri dans une attaque sans précédent, lors d’une interview qui sera diffusée jeudi sur la chaîne de télévision Al-Arabiya.
Un membre du Hezbollah, Ammar Moussaoui, a déjà estimé que cette escalade verbale n’était pas de nature à réduire la tension entre Beyrouth et Damas qui doit passer par un "dialogue".
Saad Hariri, dont le père est mort le 14 février à Beyrouth dans un attentat, imputé par la majorité parlementaire à la Syrie, a quitté il y a quelques mois Beyrouth après que sa garde eut déjoué un attentat.
Il vit entre la France et l’Arabie saoudite, où il dirige de nombreuses sociétés.
"Ce n’est pas nous qui visons le régime syrien mais c’est lui qui cherche à renverser le régime démocratique libanais", a lancé Saad Hariri.
Selon lui, "le régime syrien se retrouve seul dans une mer agitée, alors qu’avant le 14 février, de nombreux amis étaient prêts à l’aider et à prodiguer des conseils à ses responsables qui ne récolteront que ce qu’ils ont semé".
Le chef de la commission d’enquête de l’Onu sur l’assassinat de Hariri, Detlev Mehlis, a récemment indiqué qu’il était "convaincu" de l’implication des services syriens dans deux rapports d’étape en octobre et décembre.
La majorité parlementaire et la famille Hariri refusent tout compromis et réclament le jugement des coupables. Ce n’est pas la première fois que Saad Hariri s’en prend à la Syrie.
Le 12 décembre, jour de l’assassinat du journaliste et député antisyrien Gebrane Tuéni, il a jugé que "les criminels qui ont perpétré l’assassinat de Hariri (…) sont les mêmes qui sont derrière ce nouveau crime et tous les crimes terroristes commis, depuis, contre le Liban".
Saad Hariri craint que le président syrien Bachar al-Assad ne cherche à tout prix à obtenir une caution arabe pour faire innocenter son pays, selon un député anti-syrien. Le président syrien a rencontré mardi son homologue égyptien Hosni Moubarak.
Par ailleurs, le député druze Wakl Abou Faour a violemment critiqué Amr Moussa.
"Si Amr Moussa vient au Liban pour cacher les indices politiques de l’assassinat après que d’autres eurent tenté de dissimuler des indices matériels (…) ou blanchir les criminels, il n’est pas du tout le bienvenu", a dit le député, cité jeudi par la presse.
"Il existe des revendications libanaises claires, dont la première est le châtiment des criminels quelque soit leur rang politique ou leur grade militaire", a-t-il ajouté.
Le député a mis en garde contre une mission de M. Moussa "qui se déroulerait, sur fond d’un compromis: arrêt des assassinats politiques en échange d’un arrêt des campagnes médiatiques libanaises" antisyriennes.
Un député du bloc Hariri, Ahmad Fatfat, a abondé dans le même sens. "S’il vient pour chercher la vérité, il est le bienvenu, sinon nous ne sommes pas prêts à renoncer à la vérité", a-t-il dit au journal Al-Balad.
M. Moussa a entrepris une mission de "bons offices" pour tenter de stabiliser les rapports entre Beyrouth et Damas. Selon une source diplomatique arabe, M. Moussa doit reprendre sa mission très prochainement.