La secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton a entamé mercredi une visite en Indonésie, le plus grand pays musulman, avec l’intention d’envoyer un message d’ouverture au monde islamique. «Nous avons la responsabilité de communiquer et de travailler avec le monde musulman en vue d’un changement positif», a déclaré mardi Mme Clinton à Tokyo, où elle a entamé sa tournée en Asie. L’administration américaine voit en l’Indonésie un lieu propice pour entamer un nouveau chapitre dans les relations délicates entre les Etats-Unis et le monde musulman, qui se sont tendues durant les huit années de présidence de George W. Bush.
La majorité des musulmans indonésiens, qui forment près de 90% de la population, est attachée à un islam modéré et respectueux des principes laïques de la constitution. Mais elle s’est aussi mobilisée largement contre la guerre en Irak et la politique américaine de soutien à Israël, comme l’ont récemment montré les manifestations massives organisées pour condamner l’offensive israélienne dans la bande de Gaza. Arrivée en début d’après-midi, Mme Clinton a entamé sa visite de 24 heures à Jakarta par des entretiens avec son homologue indonésien Hassan Hassan Wirajuda avant de tenir une conférence de presse. Elle sera reçue jeudi matin par le président Susilo Bambang Yudhoyono, un ex-général ayant fait une partie de ses études aux Etats-Unis.
«L’Indonésie est une étape importante» pour Mme Clinton car cette «démocratie en pleine croissance», où «se développe une solide société civile», a «gagné en influence en Asie du Sud-est et dans l’ensemble du monde musulman», estime Michael Green, un expert américain de l’Asie.
Près de 3.000 policiers ont été mobilisés pour garantir la sécurité de Mme Clinton, alors qu’une manifestation a rassemblé quelques dizaines d’étudiants musulmans hostiles à sa visite devant le palais présidentiel. «Hillary, va-t-en!», ont-ils crié en lançant des chaussures sur une caricature de la secrétaire d’Etat.
Le chef de la Nahdlatul Ulama, la première organisation musulmane du pays, a en revanche salué la venue de Mme Clinton en l’appelant à démontrer que «les Etats-Unis ont changé». «Si l’extrémisme islamique existe, ce n’est pas à cause de la religion musulmane, mais des conflits au Proche-Orient, en Irak, en Afghanistan ou au Pakistan», a estimé Hasyim Muzadi, interrogé par l’AFP.
• Lachlan Carmichael (AFP)