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Histoire des services : Vladimir Poutine : l’espion devenu président

La carrière de Vladimir Poutine, élu président de la Fédération de Russie le 26 mars 2000, est parsemée de zones d’ombre. Cet ancien agent du KGB, devenu patron des services secrets intérieurs (FSB, contre-espionnage) était presque un inconnu lorsque le président Boris Eltsine le nomma Premier ministre, le 9 août 1999.
En 1975, fraîchement diplômé de la faculté de droit de Leningrad, il entra au KGB. Après une formation à Moscou, il rejoignit la « Première direction générale » du KGB (renseignement extérieur) à Leningrad, où il travailla pendant dix ans. Puis, pendant quinze ans, de 1985 à 1990, sous la couverture de directeur de la « Maison de l’amitié germano-soviétique », toujours au sein de la « Première direction », il dirigea depuis Leipzig les services de renseignement soviétiques en Allemagne de l’Est (RDA). En 1990, versé dans la réserve, il revient à Leningrad et y enseigne l’économie à l’université. Anatoli Sobtchak, alors président du Soviet de Léningrad, l’appelle auprès de lui comme conseiller. L’année suivante, après l’élection de Sobtchak à la mairie de Saint-Pétersbourg, puis après l’échec du putsch d’août, Vladimir Poutine démissionne du PCUS et du KGB et continue son ascension dans l’ombre: en mars 1994, il devient premier adjoint du maire, puis président adjoint du gouvernement de Saint-Pétersbourg, chargé des relations extérieures et commerciales. La défaite électorale d’Anatoli Sobtchak, battu aux élections municipales de juin 1996, puis réfugié à Paris après que la justice eut ouvert contre lui une enquête pour corruption, est l’occasion d’un tournant décisif dans la carrière de V. Poutine: en août 1996, Anatoli Tchoubaïs, alors directeur de l’Administration présidentielle, et comme lui originaire de Leningrad, l’invite à venir à Moscou rejoindre au Kremlin le « clan Eltsine » comme adjoint de Pavel Borodine, le directeur des services du patrimoine. En mars 1997, Poutine hérite de la Direction générale du contrôle, « mini-KGB » chargé de démasquer la corruption dans les organes supérieurs du pouvoir, ce qui lui permet surtout de constituer d’épais dossiers sur certaines personnalités, en prenant soin d’épargner les proches du président Eltsine. Lorsqu’en février 1999, éclate le scandale « Mabetex » — société de construction suisse soupçonnée d’avoir versé d’énormes pots-de-vin à la Direction des affaires présidentielles —, V. Poutine qui, depuis juin 1998, a retrouvé la « maison-mère » des services secrets, et a été nommé directeur des Services de sécurité (FSB) de la Fédération de Russie, vole au secours de Pavel Borodine. Selon le procureur général Skouratov, chargé de l’enquête, le FSB, dirigé par V. Poutine, se montre alors peu coopératif dans la transmission d’informations nécessaires aux magistrats qui enquêtent sur les malversations de la « Famille », les proches de Boris Eltsine. Grâce à V. Poutine, le gênant procureur général Skouratov, est inculpé pour « abus de pouvoir » et déchargé du dossier.
V. Poutine, qui depuis avril 1999 cumule ses fonctions à la tête des Services de contre-espionnage avec celles de secrétaire du Conseil de Sécurité, est alors chargé par Boris Eltsine, physiquement et politiquement affaibli, de déclencher une offensive contre Iouri Loujkov, le maire de Moscou, et son allié le Premier ministre Evgueni Primakov, devenus ennemis jurés de la maison présidentielle. Le FSB déterre ainsi de sulfureuses informations sur les sociétés de l’épouse du maire de Moscou.
En mai 1999, après le limogeage de Primakov et son remplacement par Stépachine, Poutine tout en restant dans l’ombre et en masquant aux yeux du public son influence grandissante, devient, sinon le plus sûr, du moins le dernier défenseur d’Eltsine. En août, Eltsine nomme V. Poutine Premier ministre et le présente comme son successeur : « Il saura consolider autour de lui ceux qui assureront le renouveau de la Russie du XXIe siècle, et cela lui vaudra les suffrages des électeurs à la présidentielle de l’an 2000 ».

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