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Hubert Védrine au quai d’Orsay ?

© D.R

L’information selon laquelle Nicolas Sarkozy aurait proposé le poste de ministre des Affaires étrangères à Hubert Védrine continue de susciter curiosité et interrogations dans toutes les chancelleries et les rédactions. Même s’il s’agit d’une personnalité notoirement de gauche, symbole des années Mitterrand et de l’ère Jospin, son possible transfert vers l’écurie Sarkozy est loin de provoquer l’ironie moqueuse que recèlerait l’attitude opportuniste d’un Claude Allègre, ancien ministre socialiste de l’Education nationale surpris en pleine opération de séduction à l’encontre du très probable Premier ministre François Fillon, ou de l’économiste Eric Besson qui avait abandonné, avec fracas, le bateau « Ségolène » en pleine tempête présidentielle avant de jouer les transfuges sur les estrades de la droite française.
Evoqué encore comme une hypothèse d’école, le possible retour d’Hubert Védrine au Quai d’Orsay n’a pas l’air de choquer, tant, en fin de compte, il semble partager avec Nicolas Sarkozy une approche commune sur de nombreux dossiers, à commencer par l’épineuse adhésion de la Turquie à l’Union européenne, en passant par la gestion fort contestée de la crise tchétchène par la Russie de Vladimir Poutine, jusqu’à l’impérieuse nécessité d’établir des relations de bonne intelligence avec les Américains. Sans parler de l’implication historique d’Hubert Védrine dans l’institutionnalisation du dialogue méditerranéen à un moment où le nouveau locataire de l’Elysée fait de la construction de «l’Union méditerranéenne» le nouvel horizon de la diplomatie française.
Hubert Védrine, auteur comblé de «Continuer l’Histoire»  aux éditions Fayard et du best seller «Face à l’hyper puissance» (éditions Century), dont le retour à la lumière était attendu en cas  de victoire de la mitterrandolâtre Ségolène Royal, possède tous les atouts pour s’insérer dans le moule du nouveau président. La différence de tempérament et de style, tout en mouvement chez l’un, tout en retenue chez l’autre, ne l’empêche pas d’épouser les grandes lignes du projet présidentiel en matière de politique internationale. Bien au contraire, l’ancien conseiller diplomatique de François Mitterrand pourrait mettre à la disposition du nouveau chef de l’Etat français, outre une dense expérience de la scène internationale, un réseau de relations d’une grande richesse. Une valeur ajoutée en terme de crédibilité et de visibilité.
Mais le choix d’Hubert Védrine, s’il se confirme, aura un impact majeur sur la scène domestique française. Il traduirait la volonté d’ouverture prônée par le candidat Sarkozy tout au long de sa campagne. Ouverture qui ne passerait pas sans amers grincements de dents comme le laisse déjà apparaître la première réaction de François  Hollande, le premier secrétaire du Parti socialiste : «Comment voulez-vous que des membres d’un parti qui a contesté tous les choix de Nicolas Sarkozy depuis 2002 et dans cette campagne présidentielle, qui serviraient celui qui a été leur adversaire, puissent rester membres du Parti socialiste?».
La gauche a senti le danger de cette stratégie du débauchage des personnalités dites «d’ouverture» ou des socialistes qui désespèrent de vivre le virage social-démocrate de leur parti comme l’a écrit  joliment «Libération». Au delà de la division qu’une telle démarche peut provoquer dans ses rangs, le message porté par ses étreintes droitières peut assener un coup dur à ses performances lors du prochain scrutin législatif où l’enjeu semble d’avantage d’empêcher le parti de Nicolas Sarkozy d’exercer un contrôle total sur tous les rouages du pouvoir que  prendre une revanche improbable sur la défaite des présidentielles.
Alors qu’on le disait enfermé dans  une logique sectaire, Nicolas Sarkozy semble, avec l’affaire Védrine et d’autres potentiels ralliés comme Anne Lauvergeon, la P-DG d’Areva ou Bernard Kouchner, l’étoile de l’humanitaire français, ou de Denis Olivennes, ancien conseiller de Pierre Bérégovoy, actuel patron de la Fnac, vouloir ouvrir le jeu politique sur sa gauche avec l’espoir de jouer le rôle du «consensuel»  qu’une certaine gauche, préférant le désert de l’opposition aux délices du gouvernement et de l’action, lui dénie tant. 

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